Dans le vaste, et souvent générique, marché du manga, cela faisait quelques temps qu'une couverture ne m'avait pas tapé dans l’œil en éveillant espoirs et expectations.
Parce que l'intention de découvrir une œuvre se résume souvent à voir une couverture (ou lire un quatrième de couv'...mais ça demande plus d'effort....), Loa s'est naturellement imposée à moi.
Guillaume Stey m'est un inconnu de la BD, il a prévu sa série sur trois volumes, ....mais une minute, je vous dis manga, et je vous donne un nom d'auteur français...oui car il s'agit d'un (attention horrible mot valise!) "manfra", ou "Franga" (de toute façon c’est moche dans un cas comme dans l'autre), c'est à dire une BD construite selon les codes de narration, cadrages, dessin, etc...du manga, mais faite par un français. Le moins que l'on puisse dire, avant même de lire, et rien qu'en feuilletant, c'est qu'il maitrise ces codes. En commençant la lecture on s’aperçoit assez vite qu'il ne fait pas juste dans la bête reproduction du modèle japonais.
Le scénario y est efficace, bien que relativement classique: présentation des héros (Loa et Eline) puis des antagonistes (Duc et sa bande), confrontations des personnages, puis mise en situation de la quête et des objectifs, le tome un se finissant sur le début de l'aventure à proprement parler....et au milieu de tout ceci présentation de l'univers à coup d'ellipses et de flash-back. Rien de bien original, mais l'ensemble est plutôt bien amené et se tient.
Il s'agit donc d'une histoire orienté aventure, puisque Duc comme Loa vont devoir retrouver une série d'artefacts extrêmement puissants à même de réaliser les rêves et aspirations de leur possesseur...leurs objectifs bien qu'identiques dans la forme sont dans le fond diamétralement opposés, l'un voulant devenir tout puissant, l'autre ayant des aspirations moins mégalomane.
Du grand classique vous disais-je, mais encore une fois bien maitrisé et amené, avec un talent non négligeable (sans compté qu'il n'a pas d'assistants pour l'aider dans sa tache, lui).
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail a dû être pharaonique sur ce tome. On sent sur chaque page l’amour de l’auteur pour le détail, jusque dans les fonds fouillés et vivants, et malgré quelques problèmes de perspectives et de proportions, l’ensemble est un travail de haute volé (faut vraiment chipoter) .L’histoire semble tenir la route, et la narration fait dans l’efficacité (malgré certaines longueurs et répétitions) et augure du meilleur après cette mise en place de l’univers, des personnages et de la « quète ».
Un essai transformé pour moi, et un manga français à suivre.