Réussir à desacraliser le Maestro avec beaucoup d'humour, tout en respectant sa place dans l'histoire de la musique, c'est la belle gageure tenue ici. Le style est prosaïquement simple pour intéresser les profanes, mais sait se moduler en fonction des périodes et des humeurs du monstre sacré. Cela donne des cases, ainsi qu'un dessin à géométrie variable pour incarner au mieux ces états d'âmes.
On retrouve toute la contextuelisation des époques qu'il vécut, ainsi que ses nombreux anges gardiens (dont un perfide Mozart et le grand mentor Joseph Haydn en simili patriarche plus ou moins autoritaire). Acharné artistique autant que transi d'amour pour les belles dames de sa vie, génie intuitif autant que chétif et régulièrement malade. Voici quelques uns des contrastes que saisit particulièrement bien cette bande dessinée.
Plutôt exhaustif dans sa volonté de traduire l'œuvre mouvementée du sourd autrichien (le volume est assez epais, près de 200 pages tout de même), il réussit malgré tout une synthèse assez juste de sa biographie. Passant ainsi sous silence ses accointances idéologiques, ses nombreuses rivalités ainsi que de nombreuses partitions.
L'idée était plutôt de faire redescendre un dieu antique parmi les mortels, et d'agréger un travail historique à une approche pédagogique afin de rendre accessible à tout un chacun l'entreprise Beethovenienne. Pari largement tenu, et cela suffit à notre bonheur.