En 2001 sous l’impulsion de Joe Quesada, son rédacteur en chef, Marvel entame de grands changements. Il y a notamment la volonté de faire des comics plus sombre et violent à destination des adultes. Ainsi est né la ligne Max, qui allait mettre en avant des héros urbains, dans des aventures qui restent en dehors de la continuité de l’univers Marvel.
C’est dans ce contexte, que Brian Azzarello et Richard Corben ont créé cette mini-série consacrée à Luke Cage. Les deux auteurs avaient déjà travaillés ensemble, l’année précédente, le temps d’un récit sur Hellblazer chez Vertigo. Un récit urbain, très sombre et réaliste, où l’on s’éloignait déjà du fantastique pour aller vers le roman noir. La recette était bonne et les deux artistes l’ont décliné l’année suivante dans l’univers de Luke Cage.
Le récit d’Azzarello est d’une étonnante simplicité, renforcé par un rythme contemplatif. Il décline des thèmes assez classiques du roman noir tel que la corruption des élites et la compromission des politiques avec la pègre, malversations immobilières. Une bonne histoire, mais peu surprenante. L’intérêt pour moi tient particulièrement au dessin de Richard Corben, qui me fascine complètement.
Il y a une grande force dans son dessin, qui à mon sens vient d’un contraste que Corben manie avec aisance au fil de sa narration. Son trait évolue, en effet, entre réalisme exacerbé et aspect quasi parodique par moment. Sur certaines scène, ca semble parfaitement figé, puis d’un coup c’est d’une fluidité totale. C’est une manière très personnelle de jouer avec le rythme du récit. Ce qui rend, à mes yeux, son dessin unique.
La mini-série cage est parue en cinq épisodes en 2001 chez Marvel. La première édition française chez Panini comics date de 2003 et puis donc cette réédition en 2016, à l’occasion de la sortie de la série Netflix.