Il existe quelques auteurs, qui une fois passé un période de jeunesse à Fluide Glacial où ils produisaient des bds comiques très couillonnes, ont grave muri et donné lieu à des albums beaucoup plus personnels. On a pas mal parlé de Manu Larcenet, qui est passé de Bill Baroud au Combat Ordinaire puis à BLAST, une bd torturée en noir et blanc. Mais il y a aussi Blutch, qui après une période très satirique (Blotch, roi de Paris) offre des oeuvres très surréalistes notamment Vitesse Moderne, un album qui marque un tournant vers quelque chose de beaucoup plus surréaliste.
Les bd de Blutch sont assez oniriques : on a cette impression que tout se passe dans un rêve : il y a une certaine logique, mais tout semble décousu et n'est jamais expliqué. (Une chose qu'il partage étrangement avec Daniel Clowes sur certaines de ses bds.) Ainsi l'héroïne se retrouve dans un boulot où sa tâche est de mettre les deux mains dans un trou jusqu'à ce qu'on vienne la remplacer. Et tout le monde trouve ça logique. (Ce qui, au fond, n'est pas plus idiot qu'un autre métiers...)
Et tout est comme ça : une sorte de scénario soutien la bd avec une sorte de logique floue plane sur sa trame notamment avec une histoire de retournement temporel. La bd étant d'ailleurs une sorte de métaphore du monde de l'édition :
"Tu vas reprendre les albums des aventures de Cocoboule."
"Cocoboule? Mais c'est de la merde."
"Oui, mais ça marche."
Et j'aime bien ça. Je sais que certains seront ultra-peu réceptif et trouveront que c'est du foutage de gueule, mais ça fonctionne.