J'ai du le lire à l'endroit !
C'est album est à l'image de sa couverture : surréaliste, touffu et auteuriste. "Lune l'envers " est tout sauf classique.
C'est l'histoire d'un auteur de série BD à succès en panne d'inspiration à force d'avoir été pressé comme un citron par un éditeur visant uniquement le profit. Il est vieillissant, déprimé, partagé entre plusieurs femmes qui l'épuisent. Une de ses anciennes maîtresse est d'ailleurs recrutée pour poursuivre la série à sa place. Elle possède un atout indéniable, elle a traversé le temps sans vieillir. Mais la jeune (?) femme se révolte, elle ne veut pas le job sous prétexte que travailler sans voir ce que font ses mains ne l'intéresse pas. Il faut préciser que les auteurs de BD travaillent devant une énorme machine aux formes bizarres dans laquelle on glisse ses mains dans un trou et qui dessinent sans que vous en ayez conscience.
Tout est particulier dans ce récit, au bord du fantastique, un peu science fiction, avec des soubresauts classiques et des plongées dans l'étrange. C'est totalement singulier, un peu déstabilisant, par moments loufoques (les personnes se déplacent dans des troncs d'arbres ou en toutou, sorte de tronc mais à poil long...). Le sexe est toujours présent, jamais vraiment explicite, comme retenu mais ravageant intérieurement les personnages de désirs. J'ai suivi l'histoire avec étonnement, pas franchement passionné mais toujours étonné par les originalités du scénario. On sent que tout cela a un signifiant qui ne s'est pas livré à ma première lecture. Le problème est que je n'aurai pas envie de m'y replonger dedans pour en extraire la substantifique moëlle.
Le dessin est au diapason de ce dispositif, nerveux et noir, bien que rehaussé par une palette de couleurs variées un peu passées. Certaines cases sont magnifiques mais j'avoue que le graphisme de Blutch, un peu rétro, ne me fascine aucunement.
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