Blutch n'en finit pas d'explorer les genres, les mélangeant, tout en se renouvelant. Loin de ses débuts, l'auteur continue son évolution pour exprimer son art où les aberrations de la vie sont toujours proposer sous un angle onirique.
Sa dernière oeuvre LUNE L'ENVERS est une comédie fantasmatique qui évoque le poids des doutes et des responsabilités au quotidien. Ce conte SF est du Blutch dans toute sa splendeur : le coup de crayon est une nouvelle fois splendide et l'histoire défaitiste est riche de tant d'éléments qu'elle peut paraître par instant particulièrement incompréhensible. Elle s'avère néanmoins d'une logique imparable pour le lecteur qui a l'expérience de cet univers et de ces personnages grotesques. Dans ce monde tout autant délirant que sombre et réaliste, les couleurs d'Isabelle Merlet ("La Technique du Périnée", "Le Landais Volant" ou encore "le Chant des Stryges") créent quant à elles une merveilleuse ambiance psychédélique et viennent contrebalancer le trait par moment très rigoureux du dessinateur.
Après le long effort "Pour en finir avec le cinéma", Blutch, vidé, souhaitait se lancer dans une bande dessinée légère, une détente, un truc rapide à entreprendre. Il s'est embourbé encore davantage que sur son précédent travail et il lui aura fallu plus de deux ans pour réaliser ces cinquante-six pages où il eu parfois envie de se taper la tête contre les murs. C'est peut-être pour cela que c'est assurément un des meilleurs one shot de 2014 et sans doute un des meilleurs de son auteur. Obstiné et cartésien, le résultat est superbe.
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