Ma circoncision par belzaran
Etant un fan absolu des aventures de « Pascal Brutal », je m’étais bien sûr tourné vers les autres ouvrages de Riad Sattouf, espérant y trouver le même génie. Hélas, sans trouver ses livres mauvais, je n’avais jamais accroché plus que ça aux « Aventures de Jérémy », « No sex in New-York » ou « Retour au collège ». Il manquait toujours un petit quelque chose pour m’enthousiasmer. Je retente une nouvelle fois le coup avec « Ma circoncision », un ouvrage paru chez L’Association (et précédemment chez Bréal Jeunesse apparemment).
« Ma circoncision » est un ouvrage autobiographique qui démarre au moment où le petit Riad s’aperçoit que son sexe est différent que celui de ses cousins. Horreur : cela signifierait qu’il est… Israélien ! Car Riad Sattouf a vécu son enfance en Syrie, où l’on explique à l’école que les Israéliens sont le mal absolu. Résultat, le petit garçon a peur de se retrouver emprisonné et tué en tant qu’espion israélien… S’ensuit l’annonce de sa prochaine circoncision qui le calmera jusqu’à ce qu’il sache ce qu’est réellement une circoncision…
C’est un ouvrage sans concession sur la Syrie que livre ici Riad Sattouf. Il ne cherche aucune circonstance atténuante à qui ce soit. Outre la barbarie de sa propre circoncision, c’est le pays entier qui est mis à mal : enfants, parents, enseignants… Il dresse le portrait d’un pays corrompu, fondé sur l’embrigadement et le mensonge. Ainsi, le fait que tous les petits garçons croient que les Israéliens ne sont pas circoncis laisse un peu dubitatif dans nos contrées. La violence, le mensonge et l’autorité sont partout et rien n’est jamais expliqué aux enfants. Leurs questions restent sans réponse et toute initiative finit mal.
La cruauté du propos (presque caricaturale tellement ça paraît excessif par moment) est contrebalancé par l’humour de l’auteur. Certes, on ne rigole pas à pleines dents, mais Sattouf sait ménager son lecteur. L’équilibre entre les faits, très durs, et la narration plus légère (tout est relatif bien sûr) est réussi et permet à la pilule de passer plus facilement.
Par contre, graphiquement, c’est très léger. Certes, Riad Sattouf n’est pas forcément reconnu pour son trait virevoltant, mais là… Le trait est très simple, ce qui n’est pas foncièrement un problème, mais les pages paraissent bien vides. On ne voit souvent que les personnages (et parfois que la tête) qui parlent, accompagnés d’un texte qui sert d’explication et de narration. Cela donne un aspect parfois un peu fouillis à l’ensemble. En lisant les premières pages, j’ai vraiment été choqué par ça, ayant l’impression de lire un travail amateur. Cependant, l’apparente simplicité de l’ensemble se révèle plus riche que ça. Riad Sattouf maîtrise très bien l’expression des personnages et la mise en scène, qui paraît parfois presque inexistante, sert vraiment le propos. Un travail vraiment particulier qui ne laissera personne indifférent.
Avec « Ma circoncision », Riad Sattouf, au-delà de sa propre histoire, dresse un portrait sans concession sur la Syrie. Un ouvrage qui ne laissera personne indifférent.