Ma vie de zombie est une BD scénarisée par Sébastien Viozat et dessinée par RaphaëlB en 2008. Il s’agit d’un duo qui se reformera un an plus tard à l’occasion de la BD « Avec les morts » traitant plus ou moins du même sujet. Notons également qu’il s’agit des débuts de RaphaëlB dans le milieu de la BD.
A mi chemin entre la métamorphose de Franz Kafka et la mouche de David Cronenberg, « Ma vie de zombie » décrit lentement le processus de zombification de Léon. Contrairement à ses congénères mort-vivants, il tente de ne pas s’intéresser à la chair humaine, et continue le plus possible de faire son travail de gardien en faisant respecter l’ordre dans son cimetière, devenu un véritablement boulevard à zombies.
Ce qui change des standards de ce genre de production, c’est qu’ici, les zombies changent peu de leur état humain. Bien évidemment, ils mangent des êtres vivants, leurs corps pourrissent petit à petit, et ils possèdent une agressivité plus accrue, mais les mort-vivants conservent leur mémoire, leur faculté de penser, et de parler. Un aspect qui apporte indéniablement une certaine touche de légèreté et d’humour à ce One Shot. Léon : zombie malgré lui, empêche ses congénères de se promener.
Les amateurs de films de zombies se souviendront peut être du film italien « Dellamore Dellamorte » qui traitait les zombies plus ou moins pareil. D’ailleurs, Sébastien Viozat et RaphaëlB se sont peut-être inspirés du film de Michele Soavi, puisque en plus du traitement original des zombies, on y retrouve également la présence d’un gardien de cimetière, ainsi que d’une thématique liant l’amour et la mort.
Toutefois, malgré une touche de légèreté présente, le ton de l’histoire prend parfois une tournure plus sérieuse, voire dramatique. Sans spoiler, ce sont des changements d’ambiance plutôt bien menés par les 2 artistes.
Les puristes pourront reprocher certaines incohérences comme le fait qu’un zombie puisse encore penser, marcher, malgré l’absence de leur cerveau, mais les auteurs ne cherchent pas vraiment à inscrire leurs zombies avec des codes typiques du livre « Guide de survie dans le milieu zombie ».
Soulignons qu’il aurait été appréciable que la BD s’étale sur deux ou trois volumes supplémentaires. RaphaëlB aborde de manière intéressante certains thèmes (vision de l’homme face aux mort, l’euthanasie…), et construit une galerie de personnages intéressants, mais qui dans les 2 cas auraient mérité un traitement plus approfondi.
En ce qui concerne le dessin, bien que j’avoue qu’il ne m’a pas dérangé (je ne suis pas difficile), le dessinateur ne propose clairement pas un style qui séduit le lecteur. De plus, les traits de dessin demeurent peu nets sur des tracés relativement simples (aucun trait à la règle). Globalement, on a l’impression que l’auteur tremble légèrement lorsqu’il dessine. Attention ! les illustrations ne sont pas non plus totalement ratées, d’autant plus que la mise en scène rattrape cet aspect. Enfin, ne soyons pas trop durs, il s’agit des débuts de la carrière de l’artiste.
Conclusion
Ma vie de zombie est une BD agréable qui se lit rapidement, sans prise de tête. Il s’agit d’un étrange mélange entre une BD humoristique, et un conte cruel présentant l’évolution d’un zombie qui souhaite rester humain. Les fans du film « Dellamore Dellamorte » dévorerons la BD sans aucun soucis. On appréciera la bonne balance entre l’humour, et les passages sérieux.
Toutefois, on regrettera que l’histoire soit aussi courte, car il y avait matière à proposer plus aux lecteurs. Certes, le duo se reforme pour une histoire proche un an plus tard, mais ce n’est pas la même chose.