Quelqu'un a dit ... ce manga est un bon investissement. Le fou !
"Quelqu'un a dit ... les magical girls sont des créatures adorables ... le fou !"
Je viens à peine de dépasser la couverture que la nervosité m'envahit. Elle ne m'est pas infligée par l'idée de me faire massacrer par de terrifiantes magical girls, mais par un destin bien plus funeste : celui de lire un bon gros manga de merde.
Je déglutis, et j'entame ma lecture.
Lycéen générique avec une coiffure générique, assis au fond de la classe à côté de la fenêtre, en personnage principal ? Check.
"Cette vie est ennuyeuse" ? Check.
"Encore une journée normale et ennuyeuse qui commence ?" Check.
2 pages. Je n'ai pas lu deux pages que cette avalanche de clichés (encore plus mal mis en scène que dans un King's Game, une spectaculaire performance) me tombe dessus.
Soit. Inspiré par le souvenir des exploits de Kamina et Simon, je m'arme de courage, serre les dents et reprend ma lecture.
Notre Mr Generique salue ses camarades de classe d'un poétique "salut! je vais faire caca", un rituel matinal quotidien, d'après ces derniers.
Sur le chemin, il rencontre Nabila la bonnasse de sa classe avec qui il veut vaguement s'accoupler, et son amie d'enfance Moetron, très petite mais plutôt mignonne elle aussi, qui est en train de se faire victimiser par d'autres lycéennes.
Oui, ce manga fait dans l'originalité.
Notre Mr Generique a-t-il une chance de se taper Nabila ? Surtout après été spectateur du calvaire infligé à sa pure et douce amie d'enfance ? Pas la moindre, se dira-t-on. Et "on" a raison.
Mr Generique décide simplement de laisser passer cela et retourne en classe pour passer son examen. Futur chômeur en puissance, il préfère regarder à la fenêtre que de répondre aux questions. Il faudra un jour dire aux profs de manga de placer les personnages principaux à côté de la porte, ça améliorerait peut-être leurs résultats scolaires.
Devant le portail, c'est la confusion ! Le gardien de l'école essaye de comprendre ce que fait une sorte de petite fille gothique de 50 cm de haut avec des membres fins comme des allumettes devant le portail. Ho, c'est la même que sur la couverture du manga !
Surprise surprise, d'un geste, elle arrache la moitié de la tête au pauvre employé, avant de gémir "magicaaaaal".
Oui.
20 pages. C'est ce qu'il a fallu à l'auteur pour me fister analement avec son PUTAIN DE TITLE DROP QUI M'A DONNE ENVIE DE DEGUEULER MON BURGER KING
Soit. Je concentre mon esprit sur les héroiques faits d'armes que Guts a accompli, envers et contre tout, et continue ma lecture.
Mr Generique, qui vient de voir un meurtre particulièrement atroce se dérouler à quelques dizaines de mètres de lui, décide de faire ce que tout le monde aurait fait à sa place : il va aux toilettes.
Dans la classe, c'est la panique; MAGICAAAL entre par la fenêtre et massacre tout le monde ! Ho non ! Nabila est sur le point de se faire tuer !!!!!!
Mais c'est sans compter sur notre héros qui fait une entrée triomphante pour protéger sa future (?) dulcinée ! Il est garanti de faire mieux que les 27 adolescents et 2 adultes qui sont morts 10 secondes plus tôt : il a ramassé une batte en chemin !
Oui. Ca marche. Il fracasse le crâne de la créature, qui réussit quand même à tuer Nabila en répétant "magicaal" ce qui n'est pas sans rappeler les intelligents procédés de mise en scène utilisés par des chefs-d'oeuvre comme Sharknado, Alerte Cobra ou Mirai Nikki.
Pas vraiment d'humeur à chanter "je suis fou de toi", notre héros se consolera peut-être avec le pantyshot que l'auteur nous offre du cadavre défiguré de Nabila. Une oeuvre de goût, on vous dit.
Heureusement, Moetron a survécu ! Elle se... bon, elle se pisse dessus, ce que l'auteur ne manque pas de mettre en valeur avec un zoom sur ses jambes qui prend presque toute une page.
En restant sur cette lancée (pour l'auteur : celle qui fait surchauffer tous les détecteurs de mauvais goût de la planète, pour le lecteur, celle qui se termine la tête la première dans un ravin profond et rocailleux), alors que l'école est remplie de monstres similaires au premier qui a été abattu (et ils répètent tous MAGICAAAAAL en permanence : ça ne s'invente pas), Mr Generique et Moetron rencontrent 4 survivants : Poufiasse, qui a des seins plus gros et lourds que des boules de bowling, Jaimelesrondes.fr, qui est gros, Itachi Uchiha qui est un première année blasé, insensible et dark malgré les tueries qui se passent autour de lui et ...
Je m'arrête là. Pas la peine de retenir leurs noms. Ils vont tous mourir dans quelques pages.
Barricadés dans une pièce -les magical manchots peuvent désintégrer des corps mais pas des portes en bois-, notre bande de joyeux larrons décide de consulter Twitter (c'est un manga moderne on vous dit) et découvrent que les magical manchots sont partout ! Pire encore, leurs victimes sont condamnées à se transformer en monstres caricaturals dont les seuls dialogues ("magicaal", eh oui) sont là pour justifier le titre du manga !
L'état d'urgence est déclaré sur tout le pays !! Le gouvernement déploie les forces d'auto-défense ! Bon si toutes les créatures meurrent après s'être pris un coup de batte dans la tête ça risque d'être facile comme guerre.
Malgré la ridicule faiblesse de l'envahisseur, le journaliste, très professionnel, ajoute "NOUS SOMMES ATTAQUES PAR DES MAGICAL GIRLS NOUS ALLONS TOUS MOURIR"
Alors il va falloir me dire en quoi http://static.skynetblogs.be/media/149064/4040441686.JPG , ça mérite d'être appelé "Magical Girl" à la télé. Sachant que c'est le seul ennemi du manga qui ressemble vaguement à un humain.
Je suis à deux doigts de m'étouffer, le comique a remplacé l'exaspération.
Puis voilà pendant 80 pages ils se battent contre des zombies de merde tout le monde crève sauf le héros et Moetron et il y a un signe satanique plagié de Berserk qui flotte dans le ciel -sauf qu'il est plus drôle qu'autre chose et on peut se demander pourquoi les connards sur Twitter discutaient "c koi ce magical arété lé blagu lol" alors qu'un truc géant se baladait dans le ciel- et j'ai dû arrêter lorsque que la fille qui squattait le rayon manga de la Fnac à côté de moi s'est éloignée en me demandant pardon parce qu'elle a cru m'avoir dérangé vu l'expression sinistre qu'arborait mon visage
Bref. Je peux tout de même dire que Magical Girl of the End a réussi son pari. J'ai éprouvé de la peur (pour l'état de mes neurones), de la pitié (pour tous ceux qui ont lu ou feuilleté cette chose), du désespoir (pour la race humaine), de la surprise (de voir qu'on publie ce genre de merdes), et même, malgré toutes mes critiques, le plaisir d'une bonne histoire (quand je suis retourné chez moi pour revoir Madoka Magica).