Magneto (2014 - 2015) par arnonaud

Critique numéro par numéro.

#1 [Mars] Marvel, dans son envie de multiplier les séries, notamment les séries solo, en offre une à Magneto, le célèbre ennemi ultra charismatique des X-Men. Les séries sur les méchants ne sont pas les plus rependues, mais c'est toujours intéressant de voir les choses de l'autre côté de la barrière.

Et puis le personnage de Magneto à ça d'intéressant d'avoir vu son rôle se complexifier au fil du temps pour sortir d'un manichéisme un peu bêta. Il est donc un peu entre les deux eaux : son passé est sombre, il a des méthodes expéditives, il est recherché par les autorités et n'est pas franchement quelqu'un de sympathique et d'un autre côté il ne recherche pas le mal pour le mal mais à défendre la cause des mutants, où plus précisément à faire payer ceux qui ont torturés les mutants par le passé.

Dans cette série, le personnage est déchu de tout empire, de tout armée, de tout allié et autres bases d'opération cachée. Il est seul et sa mission semble avoir des allures de road-trip. C'est assez plaisant de suivre les aventures d'un personnage qui sort des canons classiques, déjà il est plutôt vieux et ensuite il a son passé de vilain, sa nature de hors-la-loi, et son mental qui semble être fragile, même si il ressemble physiquement à un roc.

Ce premier numéro est vraiment sympa, il ne s'y passe pas énormément de choses mais on est rapidement happé par le récit, le personnage est présenté d'une manière plus qu'efficace, et il ressort toujours aussi charismatique, et les scènes d'actions sont vraiment efficaces, notamment grâce aux dessins très élégants de Gabriel Hernandez Walta. Graphiquement, il y a un côté lavis très agréable dans les couleurs. Je ne sais pas à qui c'est dû (si c'est Walta ou la coloriste, Jordie Bellaire), mais c'est très réussi à ça donne un côté assez doux aux pages. La colorisation est en tout cas une réussite avec un très beau choix de teintes et de belles atmosphères qui se dégagent des pages.

Un numéro #1 qui donne carrément envie de lire la suite et la série semble pour l'instant prometteuse. Je dois avouer que pour le coup, je suis bien étonné de me rendre compte que le scénar' est de Cullen Bunn, le scénariste ne m'ayant guère transporté dans les récits que j'ai lu de lui, notamment le très mauvais Fearless Defenders. Peut-être que cette fois ça marche mieux grâce à une équipe artistique qui a de la gueule ? En tout cas, j'espère que la série saura continuer sur cette lancée. [8]

#2 [Avril] Magneto #1 était une bonne surprise, pour la première fois je lisais du Cullen Bunn qui avait vraiment de la gueule, et l'idée d'un série consacré à Magneto, qui avait quand même commencé sa carrière en tant que pire ennemi des X-Men, semblait marcher. Ce numéro #2 confirme heureusement cette première impression et est lui aussi très agréable à lire.

Suite aux événements qui ont eu lieu à la fin du premier numéro, notre ami aux pouvoirs magnétiques enquête pour trouver les responsables de tout ça, et il se retrouve en plein dans un bidonville de tentes où des américains sans le sou essayent de survivre. Et oui, Magneto est une série qui fait dans le social et qui parle des problèmes de la société américaine des années 2010. Bon, je ne sais pas si Bunn s'attardera vraiment là dessus où si c'était juste pour ce numéro, mais c'est en tout cas une bonne idée, qui encre un peu plus la série dans le réel. De toute manière, Magneto est lui même lié à l'exclusion (juif allemand durant la seconde guerre mondiale et mutant...Ça n'a pas toujours été évident pour lui...) et c'est vraiment intéressant de voir comment il réagit à ce camp. Le personnage est vraiment bien écrit par Bunn et il est enrichi constamment, que ce soit par les flash-back sur son enfance ou les événements de la fin du numéro, avec une dernière page vraiment très bonne, notamment en terme d'écriture.

Graphiquement, c'est toujours très bon, avec en plus la colorisation superbe de Jordie Bellaire qui allie un excellent choix de teintes et ce rendu lavis. Le trait de Walta est très efficace malgré sa simplicité, les arrières plans sont détaillés, le choix des plans est bon et sa représentation de la violence toujours étonnamment crue dans un comics mainstream. Un choix audacieux pour rappeler que le personnage titre n'a rien d'un ange.

En tout cas, j'espère que la série continuera sur cette lancée, car pour l'instant c'est très bien parti. Je n'attendais rien de cette série, mais elle a su me convaincre. [8]

#3 [Mai] Les épisodes passent et Magneto continue d'être un titre très solide, c'est vraiment plaisant. Ça prouve que Cullen Bunn n'est pas totalement naze, ce qui n'est pas rien quand on a déjà lu un numéro de Fearless Defenders. Dans ce numéro, Magneto continue de chercher les créateurs des sentinelles humaines qu'il a affronté dans les deux premiers numéros, et c'est toujours aussi prenant. Déjà, c'est sublime, le dessin de Walta est sobre, mais ces pages ont toujours un très bon découpage, et les couleurs sont toujours très belles (en même temps c'est Jordie Bellaire), avec une texture dans les teintes vraiment douce et agréable qui rappelle les feutres à alcool et le papier épais.

On prend vraiment plaisir à suivre Magneto, notamment dans la scène où il s'infiltre dans la base de ses adversaires. Ça change de voir un type qui peut voler et contrôler les métaux en train de descendre dans une cage d'ascenseur, là où l'on voit plus souvent, d'habitude, les personnages les plus humains faire ça (genre Domino ou Black Widow). Il y a aussi pleins d'autres bonnes choses, comme les conséquences du second numéro sur le camp de SDF, qui sont vraiment intéressantes, ou le fait d'avoir mis une personne complètement innocente et naïve à la tête du projet de construction des sentinelles, rendant la confrontation entre Magneto et elle plus fine que ce que l'on a habituellement où c'est toujours un gros con, souvent moche, qui est en charge de ce genre de choses. C'est franchement bien écrit, et les flashbacks sur un évènement très important du passé de Magneto en parallèle du numéro sont vraiment bien trouvés et permettent de bien comprendre les actes du mutant et d'être en empathie avec lui. [8]

#4 [Mai] Nouvel arc pour l'ami Magneto. Au programme, balades bucoliques en forêts, scènes de violence soutenue et une conclusion de numéro très intéressante. En soi, ce numéro m'a moins accroché que d'habitude. J'avais vraiment adoré tout le premier arc, mais là j'ai été moins passionné par le numéro, peut-être parce que je ne connaissais pas les vilains (qui ont l'air d'être apparus ailleurs par le passé, mais j'avoue ne pas avoir été vérifié) ou peut être car ce numéro était plus orienté action et un peu moins sur des dialogues où les persos exposent leur vision du monde ou sur une intégration de Magneto dans la réalité, comme quand on le voyait au motel ou dans le camp de sans-abris...

Ca reste solide, Cullen Bunn ne redevient, heureusement, pas le gros tâcheron qui écrivait Fearless Defenders en un instant, mais bon, la série avait un sans faute jusque-là, c'est dommage que ça ne continue pas. Mais peut-être que c'était juste moi qui n'était pas dedans à la lecture ?
En tout cas, niveau graphique, ça reste de très bonne facture. Bellaire est toujours balèze aux couleurs et Walta fait un bon boulot, même si, lui aussi, je le préférais sur les trois premiers numéros. [7]

#5 [Juin] Le numéro #4 ne m'avait pas vraiment accroché, c'était sympa, surtout graphiquement, mais au scénar' ça fonctionnait moins bien. Du coup, je suis bien content qu'on passe complètement à autre chose avec ce numéro 5 et qu'on fasse comme si de rien était.

Le numéro est vraiment très réussi, déjà graphiquement, où Magneto a toujours la classe en civil avec son petit pull noir, et durant tout le numéro, il y a un jeu sur les éclairages toujours très beau avec ce travail, sûrement, au feutre à alcool (qui donne un rendu très "doux" en plus), et j'ai bien aimé aussi les pages en blanc et rouges qui étaient vraiment superbes avec un bon travail sur les vides, très efficace, très graphique.

En plus, scénaristiquement, Bunn était en forme (rien à voir avec celui qui écrivait Fearless Defenders). Voir Magneto à la vie civil avec ses petites réflexions du moment est un régal, et on sent vraiment tout la richesse du personnage. En plus, l'espèce de co-équipière badass qui se ramène dans le numéro est très vite sympathique et semble avoir du potentiel. En tout cas elle à un dialogue intéressant avec Magneto et Bunn à l'air de continuer à jouer sur les différences de points de vues, de croyances, de paradigmes, entre les personnages, ce qui est franchement une bonne chose.
Un bon numéro, pour une série très solide et vraiment excellente, même si peut-être un peu trop froide pour faire partie de mes favorites. Une très bonne lecture à chaque numéro tout de même. [8]

#6 [Mars] J'ai oublié d'écrire un avis sur ce numéro, mais il était très bon. [8]

#7 [Avril] Le Magneto de Bunn et Walta se révèle toujours aussi bien foutu. La partie graphique est toujours de très bonne qualité avec ces dessins sombres et très terre à terre, très humains, qui donnent toujours une formidable ambiance à la série et qui sont très biens colorisés par Jordie Bellaire. Dans ce numéro, Javier Fernandez et Dan Brown viennent faire quelques pages en soutien et s'en sortent très bien également, avec une très bonne dynamique durant la scène d'action, même si c'est globalement un peu plus maladroit.

Bunn quant à lui continue de trouver des situations variées où Magneto peut intervenir, on ne s'ennuie pas, et il trouve toujours des éléments intéressants de la mythologie X-Men sur lesquels rebondir. En outre, il continue son travail de fond sur la caractérisation du maître du magnétisme, toujours très réussie. Pareil pour sa relation avec la jeune femme qui a décidée de l'aider dans sa quête, où sa fonctionne très bien là aussi. [8]

#8 [Avril] Est-ce étonnant si je vous dit que ce numéro est, encore une fois, une réussite ? Pleins de choses chouettes dans ces quelques pages : Bunn s'intéresse à l'Hormone de Croissance Mutante, il nous offre aussi une superbe caractérisation de ce Magneto aux pouvoirs diminués, presque réduit au niveau de puissance d'un simple humain, lui qui a eu des pouvoirs surpuissants par le passé... Tout ça est vraiment passionnant, surtout qu'en outre le numéro regorge de scènes d'action, on a aussi le droit à une confrontation attendue de longue date et à un cliff très réussi... Bref, c'est du tout bon, et Javier Fernandez fait un boulot tout à fait honnête aux dessins. Ce n'est pas du Walta, mais ça fait tout à fait l'affaire.

Bref la série continue très bien, elle demeure toujours aussi solide, et j'espère que les prochains numéros seront de qualité équivalente (ou supérieure). [8]

#9 [Mai] La série commence sa phasé prélude à Axis avec ce numéro mais Cullen Bunn se sort très bien de cette contrainte. C'est toujours bien écrit, et ça permet de voir Magneto interagir avec le reste de l'univers Marvel, ce qui est tout de même intéressant. En plus on a de très bons passages dans ce numéro, comme ce flash-back de sa période au camps, qui donne un éclairage nouveau sur la personnalité de notre protagoniste principal, ou encore ce combat face aux C-Men de Crâne Rouge qui est sympathique (d'autant plus qu'en fait je suis content de revoir ces vilains introduits par Remender au début de son run sur Uncanny Avengers).

Aux dessins, Walta continue de faire un boulot de champion, tout comme Jordie Bellaire à la colo. [8]

#10 [Mai] Cullen Bunn profite du fait de devoir écrire un prélude à Axis pour nous faire tout un numéro tourné sur un cauchemar de Magneto qui revît plusieurs des grands moments de sa vie et notamment ses grands traumatismes. C'est vraiment bien foutu parce que ça montre les différentes facettes du personnage, ça permet de continuer à le développer et ça permet à Javier Fernandez de se lâcher sur la partie graphique. [8]

#11 [Juin ] Le numéro est tie-in à Axis et nous raconte comment Magneto va recruter les vilains et pourquoi il fait ça. C'est loin d'être indispensable dans l'event et toute la partie recrutement fait un peu remplissage mais Cullen Bunn nous offre quand même tout un segment du numéro où il continue de développer Magneto et de faire évoluer son personnage. Ce côté là est toujours très bien foutu. L'autre avantage du numéro, c'est d'être dessiné par Walta qui fournit comme à son habitude des dessins somptueux. C'est en plus l'occasion de voir pas mals de personnages de l'univers Marvel dans son style, ce qui est toujours sympa. Et bien entendu, très belle colorisation de Jordie Bellaire, comme à l'accoutumée. [7]

#12 [Juin] Deuxième numéro tie-in à Axis. On y parle confrontation face à Crâne Rouge, flash-back du passé commun entre Magnus et Xavier à une époque où ils n'étaient pas encore ennemis, et bien entendu inversion. Sans surprise, les parties les plus intéressantes sont bien entendu les flash-back, ce sont ces scènes qui sont les plus riches sur la manière de dépeindre les personnages et qui donnent toute leur saveur à la séquence finale d'inversion. Bref, comme depuis le début des numéros tie-ins ou prélude, Bunn arrive à composer comme un chef avec les contraintes et continu de nous servir de bons numéros.

Aux dessins, Roland Boschi vient faire coucou et il livre une prestation plutôt correcte. Il semble bien plus appliqué dans les flash-backs que dans les scènes d'action présentes où c'est globalement plus maladroit, mais il faut dire que le filtre jaunasse que met Loughridge dans ces scènes là n'aide pas non plus. [7]

#13 [Juin] C'en est déjà fini des tie-ins à Axis (tant mieux), Bunn ayant tranquillement esquivé toute la partie merdique des inversions de l'event.

Magneto est quasiment absent de ce numéro, centré sur Briar, et le maître du magnétisme n'est qu'évoqué dans les discussions où visible dans des flash-backs. L'occasion pour le scénariste de développer un peu l'associée de notre "héros" et de continuer d'explorer les conséquences des actions passés du maître du magnétisme sur les civils.

Je ne vais pas m'éterniser, comme d'habitude, le scénariste nous montre la maîtrise qu'il a de son sujet et les dialogues sont très biens écrits et agréables à lire. Briar n'est certainement pas le personnage le plus charismatique ou attachant qui soit, certes, mais on suit sa petite mésaventure avec un vif intérêt.

Aux dessins, Javier Fernandez se ramène et livre une prestation tout à fait correcte, même si ça ne vaut pas le duo Walta-Bellaire. [8]