J'avais entendu parler d'autres auteurs de BD qui, à l'instar de Teulé, se servaient de photographies pour raconter des histoires. L'ami Google m'orienta alors vers un certain Jean-Claude Claeys, apparemment un des meilleurs représentants du genre. La technique n'est pas exactement pareille. Teulé mélange ses clichés et ceux trouvés dans des romans photos ou simples magasines. Ici, du moins dans cet album ci, l'auteur prend uniquement, me semble-t-il, des photos ne lui appartenant pas. Pour preuve, il suffit de jeter un oeil à son casting : Marlon Brando, Robert Mitchum, John Wayne, Clint Eastwood, et même un caméo de Marilyn Monroe parmis tant d'autres. On a affaire là avec un gros détournement.
Visuellement c'est vraiment bluffant. Avant de me lancer dans la lecture je me suis plu de nombreuses fois à simplement le feuilleter laissant ainsi libre court à mon imagination. La technique est magnifique. Il est pourtant impossible de dire si l'auteur sait vraiment dessiner puisqu'il ne s'agit ici vraiment que triturage de photo, découpage etc. Tout au moins, Claeys a un sens aigu de la mise en page, il n'a pas peur de laisser énormément de place à certains 'dessins'. Son cadrage est très poétique également dérivant ainsi sur une voix off constante.
L'histoire est assez banale, hommage aux films noirs qui lui sont chers, mais en même temps il s'amuse un peu du genre et place ici et là quelques boutades. Une fois de plus je vous redirige vers son casting qui n'est pas anodin. Faire de Clint un tueur de rousse impitoyable a de quoi faire sourire. Le récit se compose de deux parties. La première est certainement la moins intéressante. La voix off vient rythmer le récit, mais l'on s'aperçoit qu'il ne se passe rien, tout semble décousu, jusqu'à la conclusion finale, où le héro résume l'histoire de façon traditionnelle. Puis, du texte au dessin, il n'y a pas vraiment d'intérêt : soit trop prochen soit pas assez éloigné, les deux ne s'accordent jamais vraiment. Ensuite, dans la continuité narrative, certains plans sont un peu brouillon. Ce qui était beau sans comprendre peut devenir un peu maladroit dans le cadre de l'histoire. Dommage. Ceci dit, la seconde partie part d'une très bonne idée : le point de vue d'un méchant qui a survécu et qui cherche à se venger du héro. Les enjeux sont cette fois très clairs et les péripéties accompagnées de suspens. Là il y a une vraie histoire.
Bref, Magnum Song est un album devant lequel il vaut mieux rêver plutôt que de le lire. Ce n'est pas inintéressant, mais je regrette que ce graphisme si particulier soit desservi par une histoire pas suffisamment bien construite. Je recommande malgré tout.