La façon qu'a eu Jean Teulé d'offrir une vision presque voyeuriste et même grand spectacle de la mort atroce de Alain de Moneys dans son roman m'avait, je vous l'avoue, dérangé.
Car il n'est pas garanti que tout ce qui s'est produit durant cette horrible journée ait réellement existé, n'en déplaise aux adorateurs malsains de cette histoire macabre.
Mais l'auteur semblait s'en ficher et préférait nous sortir un récit pourtant court mais déjà bien trop long de cette souffrance insoutenable d'un pauvre homme. Si il y a clairement la volonté de faire ressortir une allégorie bien plus profonde qu'elle n'y paraît, à savoir le fanatisme aveugle qui peut corrompre des esprits "peu instruits" et extrêmement sensible à un esprit patriotique outrancier, je posais surtout une moue de dégout devant le roman.
Le fait de porter ce récit "too much" en bande dessinée ne m'enchantait guère, étant donc peu friand du matériau originel. Et pourtant, je n'ai pas regretté cette lecture qui s'offre d'excellentes idées visuelles, notamment dans son noir et blanc charbonneux où contraste seulement par instants une faible lueur rougeâtre. Alain de Monays est mort, place donc au prussien, à la bête, à la chair sanguinolante traînant par terre.
L'idée de montrer la transformation hallucinée de Alain aux yeux des villageois est une excellente idée pour mettre en lumière le véritable problème sous jacent d'un pays : L'ignorance peut nous faire voire ce que l'on veut et laisse notre imagination déborder sans valve de secours.