Un joueur homme solitaire (encore un ado, presque), considéré comme un maître en son art, rencontre une famille et entre autre une petite fille turbulente (non, ce n'est pas Barakamon). Il est joueur de Shôgi professionnel et lycéen à temps perdu (non, ce n'est pas Hikaru no go) et toute sa vie s'organise autour du jeu de Shôgi. Jusque-là, rien de bien original, même si c'est bien fait. Mais une dimension dramatique puissante s'impose presque immédiatement, qui donne un ton grave au quotidien autrement mutique du héros. Car Kiriyama (notre héros) a un passé lourd, que la mangaka révèle petit à petit avec une parcimonie parfois difficile à suivre d'ailleurs. On ne s'ennuie pas pour autant. Le lecteur est contraint d'essayer de décrypter des situations pudiquement silencieuses, mais lourdes de sentiments enfouis. Le dessin est à la frontière entre shonen et shojo, interiorisé ou exprimant des sentiments, alternant parfois entre réalisme et caricature pour les besoins du comique de situation. Ces changements apportent un relief assez subtil sur les personnages, qui semblent en conséquence moins enfermés dans leurs rôles. On peut reprocher au titre d'être très peu pédagogique sur les règles du Shôgi, qui me reste à la fin du premier tome particulièrement hermétique. Mais cela n'impacte que très peu la lecture. L'essentiel n'est pas dans la stratégie du jeu, mais bien dans la vie qui se construit autour.