Étant en train de me faire l'intégrale des Amazing Spider-Man Volume , je cherche des fiches qui permettent de détailler au fur et à mesure ma progression là-dedans, et celle-ci me parait un bon point de départ.
Cela étant, Amazing Spider-Man. Probablement le héros de l'écurie Marvel le mieux connu du grand public, l'homme-araignée n'a jamais été un de mes favoris, mais j'ai appris à l'apprécier, à travers notamment le travail de Bendis sur le personnage. Tenter les classiques, ça a été pour moi un gros risque, mais avec beaucoup de surprise, j'ai découvert que c'était vraiment pas mal du tout. Ca a certes un peu vieilli (on retrouve des tics d'écriture un peu débiles, comme une surnarration qui a son charme suranné mais qui reste assez lourde, ou alors la fâcheuse tendance à tout expliquer par des deus ex machina type "radiations nucléaires" ou "intellect supérieur"), mais on comprend aisément comment la légende a pu naitre.
Peter Parker est un adolescent comme les autres, porté plus l'intellect que l'activité physique, élevé par son oncle et sa tante. Mais tout change lorsque Peter se fait mordre par une araignée radioactive, et que son oncle Ben meurt, indirectement à cause de Peter. L'adolescent décide deux choses: d'utiliser ses nouveaux pouvoirs d'homme-araignée afin de gagner de l'argent pour permettre à sa tante de vivre décemment, et de rester fermement du côté de la justice. Étudiant le jour, Parker est soumis aux moqueries de Flash Thompson et de Liz Allan, tandis qu'il est contraint de cacher ses nouvelles capacités et de se faire passer pour un rat de bibliothèque. Le soir, il occupe son temps entre s'occuper de sa tante, parcourir la ville en tant que justicier, et vendre des photos de Spider-Man à J. Jonah Jameson, directeur du Daily Bugle, qui mène une croisade sans merci contre l'homme-araignée sans soupçonner que son photographe vedette est la personne qu'il cherche...
Comme le veut la tendance Marvel de l'époque, qui a su donner ses lettres de noblesse à la compagnie, ce qui est intéressant chez Peter Parker est qu'il s'agit d'un héros humain, faillible, qui réagit de façon parfois complètement irrationnelle et dont on n'apprécie pas toujours la conduite. Méprisant, orgueilleux, coureur de jupons, geignard, trompeur il est tout l'opposé d'une figure mythique idéalisée, et ça le rend d'autant plus imprévisible (même si les intrigues de ces numéros sont très téléphonées). Amazing Spider-Man joue sur tous les registres, ce qui est magnifié par le dessin de Steve Ditko, toujours bien à propos pour appuyer les moments dramatiques ou les exagérations de Jameson. Les scènes d'action sont aussi d'assez bonne facture, malgré les énormités courantes de l'époque (notamment le mec "ceinture noire de judo -comprenez, forcément une machine à tuer- qui balance des mandales dans tous les sens).
La qualité de ces premiers épisodes est assez inégale : certains, comme le retour du Vautour (#7), sont très bien écrits, bourrés de bonnes idées, tandis que d'autres, comme l'épisode des Enforcers (#10), sont franchement dispensables, voire carrément ridicules.
Ce qui est surprenant dans ces premiers épisodes, aussi, c'est leur densité, avec l'introduction de quelques-uns des ennemis les plus emblématiques du héros (le Lézard, Electro, Octopus, le Vautour...) et déjà pas mal de side-stories plus ou moins intéressantes (l'évolution de la relation avec Flash, la romance avec Betty Brant, le job chez Jameson,...). On sent chez Stan Lee et Steve Ditko un enthousiasme et une inspiration palpables, qui expiquent la vitalité du personnage à travers les âges. Il n'a fallu que quelques volumes pour faire naitre une légende.
Une lecture décidément vraiment intéressante, et toujours distrayante aujourd'hui, si on lui pardonne quelques errances.