Cela fait un bout de temps que je n'ai plus écrit sur les Masterworks. C'était devenu un petit hobby à part entière, et je me suis rendu compte qu'avec les années pas forcément agréables qu'on a passées et qui s'annoncent encore, un petit hobby au fond c'est important non ?
Me voici donc reparti à suivre les aventures haletantes et rocambolesques de Peter Parker, l'homme araignée au grand coeur (surtout quand il s'agit de finir dans des dramas impossibles). Ce volume a un côté charnière que je trouve particulièrement intéressant, avec des premiers numéros qui fleurent bon l'aventure haut en couleur, mettant le tisseur au prise avec un Vautour toujours aussi fourbe, un Foolkiller complètement ravagé de la cafetière, une romance avec Black Cat qui n'a pu que déchainer les passions, une histoire étonnante sur une série de meurtres par araignées par un auteur invité, et, pour la première fois, le Juggernaut, cette force de la nature inarrêtable qui oblige Parker à se dépasser... et puis une deuxième partie qui consiste presque exclusivement en un arc scénaristique captivant, qui a des racines dans plein d'autres séries Marvel, où Parker enquête sur les agissements de la Brand Corporation, une filiale de Roxxon, une industrie bien connue des fans pour être une des forces les plus crapuleuses de l'univers Marvel. Cette grosse intrigue, plutôt bien ficelée, fait intervenir une belle brochette de personnages sur une série assez conséquente d'épisodes, montrant des ambitions narratives qui n'étaient pas souvent vues avant cela chez Spider-Man.
Plus généralement, ce volume se distingue par une ambiance noire qui va de pair avec les intrigues, souvent dans un style polar plutôt réussi. Des personnages meurent fréquemment, et la virée de Juggernaut se solde carrément par une ambiance de désolation qui a quelque chose de marquant même avec autant d'années d'écart. L'arc Brand, quant à lui, fait la part belle à des thèmes rudes, de la vengeance à la corruption en passant par la violence du capitalisme, qui trouve son point d'orgue dans le duo formé par Will'O Wisp et Tarantula, et le final terriblement brutal qui le conclut.
D'un point de vue visuel, John Romita Jr. se fait plaisir. Lui qui a déjà eu le personnage sous la main pendant un petit temps ne perd pourtant pas la main quand il s'agit de trouver de nouvelles poses dynamiques ou des compositions marquantes, à l'image de la couverture du #230 et son Juggernaut terrifiant.
Je dis rarement du mal des Spider-Man parce que j'aime beaucoup le héros et son univers haut en couleur, mais je pense cependant qu'on est face à une époque du personnage pleine d'audaces, à la fois héritière de l'époque où Spider-Man parlait de la lutte pour les droits civiques et précurseuse des audaces à venir du modern age.