Marvels par Antevre

Après avoir parcouru le magnifique Kingdom Come il y a déjà un bout de temps, j'ai appris à aimer et connaitre le nom d'Alex Ross, et c'est sans doute la raison principale pour laquelle j'ai été attiré vers Marvels. Les événements principaux du début de l'univers Marvel vu par les yeux d'un photographe ? Dessiné par Alex Ross ? Si ça c'est pas vendeur...

Phil Sheldon est photographe free-lance à New-York, et il est témoin avec ses concitoyens de l'inimaginable : l'émergence des Marvels, comme il aime les appeler, ces êtres surhumains qui se multiplient à une vitesse folle. À la Torche Humaine et Namor succèdent les 4 Fantastiques, les Avengers, Spider-Man, les mutants... en tant qu'homme de la rue, Sheldon voit les événements bien différemment qu'un lecteur de comics : tantôt terrifiants, tantôt répugnants, tantôt héroïques, le citoyen lambda ne reste pas indifférent face à ces héros et vilains venus d'ailleurs. Phil réalise que l'opinion publique, notamment à cause de tribuns comme Jonah Jameson, est profondément injuste envers les super-héros, et décide que l'oeuvre de sa vie sera d'écrire un livre illustré de ses photos en leur honneur...

Outre l'évident plaisir de contempler le travail d'Alex Ross, l'intérêt majeur de la série est donc de (re)découvrir les événements fondateurs de chez Marvel sous un jour différent, c'est donc un ouvrage très intéressant pour un néophyte pour qui la Torche Humaine a toujours été un des membres des 4 Fantastiques et pour qui le nom de Namor n'évoque pas grand chose.

Il faut dire que malgré l'intérêt de ce point de vue particulier, le récit en lui-même n'est pas forcément extrêmement intéressant, ni fort développé à vrai dire. Là où on aurait pu espérer un récit intimiste, on n'en découvre que très peu vis-à-vis de Phil Sheldon, si ce n'est ses opinions sur les Marvels et quelques relations traitées de façon embryonnaire. Tout est fait en réalité pour effacer le protagoniste du récit, n'en faire qu'un témoin derrière son appareil photo, un témoin certes partial, mais rien de plus. Et je trouve ça un peu triste, ça aurait été une vraie valeur ajoutée que de donner de l'épaisseur à ce personnage. Une façon finalement de rendre hommage aux habitants anonymes de cet univers, au lieu de les réduire à une simple masse populaire ingrate qui se fait sauver régulièrement.

Néanmoins, Marvels est un bel ouvrage, Ross oblige, chaque case est une oeuvre d'art. Et cette vision inédite reste franchement intéressante, aussi bien pour le néophyte que pour l'habitué.