Marvels : L'Oeil de l'objectif par Antevre

Suite (et fin) de Marvels, cette mini-série toujours scénarisée par Busiek, mais sans Ross au dessin, n'est pas extrêmement intéressante...

C'est le retour de Phil Sheldon, photographe "ordinaire" dans un monde extraordinaire. L'histoire commence plus ou moins où la première série s'est arrêtée, avec un Sheldon désabusé, cherchant un sens au monde dans lequel il vit, et planifiant un nouveau livre... mais celui-ci prend un nouveau sens lorsque Phil découvre qu'il souffre d'un cancer pour lequel une rémission est peu probable. Quel héritage laissera-t-il au monde ?

Là où je reprochais à la série d'origine un protagoniste trop effacé, trop en retrait face au monde qu'il décrit, cette suite tente de façon assez manifeste de prendre le contrepied et de proposer un récit intimiste, centré sur la vie du héros et non sur le monde qui l'entoure. Ce qui est une bonne idée, bien entendu, mais que je trouve assez mal exploitée. Phil Sheldon passe son temps à ressasser les mêmes histoires, y compris beaucoup de choses qui ont été dites dans le volume précédent (ce qui fait beaucoup de travail d'exposition pour pas grand chose), et pendant une bonne moitié de la série, si pas plus, c'est franchement lourd. Peu d'événements viennent bouleverser la vie du protagoniste, et pour les rares choses qui lui arrivent, il les traite avec dédain. Ce pessimisme et cynisme permanent n'est en outre pas nécessairement justifié, cela semble relever plus d'une posture que d'un portrait cohérent comme celui qui a été tracé dans le premier volume. Sheldon rumine des arguments à la limite de la cohérence et de la pertinence, sans vraiment amener de nouvelles réflexions. Il y a bien une tentative de mise en perspective d'un univers de plus en plus noir (avec l'avènement du Punisher et de héros de plus en plus humains et donc de moins en moins purs), mais c'est pas traité avec autant de nuance que ça le mériterait. Justement, un gars comme le Punisher, c'est du pain bénit pour une série pareille, ça s'écrit pratiquement tout seul, il suffirait de montrer le point de vue des gens ordinaires, l'admiration des plus radicaux, la peur des autres, l'indignation des idéalistes, etc. etc. Bah non. Tout au plus voit-on une réflexion sur la fascination pour le mal, cependant traitée de façon embryonnaire.

Le tout dernier épisode rattrape un peu la sauce, mais ça reste très classique. C'est le même récit encore et toujours sur le cancer, l'empreinte qu'on met sur le monde, bla bla bla, et finalement ce qui compte c'est ce qu'on a apporté aux gens qu'on aime parce que c'est comme ça, et à la fin tout le monde il est content parce que la vie continue, et la vie c'est quand même bien cool. Je veux dire, ouais d'accord, c'est pertinent, mais ça a juste été tellement. Tellement. Fait. Et refait. Alors qu'à nouveau, les possibilités étaient nombreuses pour créer quelque chose de nouveau et d'intéressant.

Série très décevante. Quant aux dessins, si c'est certes très beau, ça perd toute la fibre spectaculaire qui faisait l'intérêt de la série précédente.