Maus s’avère être l’une des œuvres littéraires les plus virtuose que j’ai tenu dans mes mains.
Je me souviens, il était dans mon collège, réservé aux 3em. Je l’avais pris, ouvert, et puis, « des souris ? ». Sans même savoir de quoi parlait le livre, j’avais bêtement rangé ce livre ratant un chef d’ouvre sans même retenir son nom. Et puis, j’ai revu le même livre sur des critiques internet (découvrant par la même occasion, le nom de ce livre). Partout, j’entendais les critiques décriant Maus comme étant une œuvre majeure du XXem siècle, un ouvrage important sur la Shoah. Tout de suite, à cet instant présent, je me rendais compte que j’avais raté quelque chose. Ça m’a pris beaucoup de temps avant de retrouver ce livre. A de nombreuses occasions, je l’ai tenu dans mes mains, sans avoir le temps de le lire.
Et puis, en regardant ce que je n’avais pas lu dans la bibliothèque de mon lycée, le choc. Les deux volumes, face à moi, attendant que je les lise. La documentaliste m’a vu avec le bouquin en main, le contemplant et me conseillait vivement de le lire. Je l’ai ouvert, et encore : le choc.
Durant toute cette semaine, à chaque heure de libre, au lieu de voir mes amis, je m’enfermais dans une lecture qui me fascinait. Le désastre lorsque le week-end débutait et que j’allais devoir attendre plusieurs jours avant de revoir le livre.
Le lundi, dès mon heure de pause, j’ai couru dans la bibliothèque, rouvert le livre, et je l’ai fini. J’avais fini Maus…
Sans même l’avoir fini, j’avais déjà réfléchis à cette critique. Je cherchais les termes les plus élogieux pour témoigner de la magnificence de cette œuvre, lui rendre hommage. Une tâche difficile. Car j’en ai lu des livres sur la Shoah, j’en ai vu des films sur cette période sombre de l’humanité, et je pensais avoir découvert le graal avec La Mort est Mon Métier de Robert Merle, mais non. Aucune œuvre, sur le génocide juif, n’atteint la sincérité et la virtuosité de Maus. Car Maus ne raconte pas que le récit de Vladek Spiegelman dans la Pologne occupée. Elle raconte comment son fils, désireux d’écrire un bouquin sur la vie de son père (le livre que vous tenez en main), tente de trouver des liens avec son père avec qui, il a toujours été distant.
Et voilà donc tout le génie de cette œuvre, car il est sincère. Car il ne cherche pas à terroriser les foules en montrant les innombrables souffrances des juifs, c’est simplement parce qu’il témoigne avec sincérité. L’homme, Vladek a vécu la Shoah, a vécu des instants de souffrance abominables, et pourtant, son récit est capable d’être drôle à certains passages, comme il est capable d’être terrifiant dans d’autres. Il n’insulte jamais les nazis, ni personne d’autre, le narrateur se contente simplement de dire ce qu’il a vécu, sans se lamenter, ce qui renforce immédiatement notre attachement.
Et puis, la narration est d’une originalité tellement rare. Car l’auteur jongle parfaitement entre le récit de son père, et les derniers moments passés avec lui. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’histoire de Vladek et celle de son fils est complète. Vladek n’a rien oublié de son expérience, et à chacune de ses péripéties, on est aspiré, attentif à son récit. Et pourtant, il n’y a pas d’action, pas de grands moments dans l’histoire. C’est juste là… tel qu’on nous le décrit, ce génocide. J’avais rarement vu une vision aussi authentique et réaliste de cette Shoah.
Et enfin, que serait Maus sans son dessin. Sans cette idée saugrenue et foutrement osée de dessiner les juifs en souris, les nazis en chat, les français en crapaud, les polonais en cochons. Le dessin est original, et ça renforce cette idée, de perte d’identité pour les juifs, devenus des proies. Le jeu du chat et de la souris le plus terrible de l’histoire.
Voilà donc, ce qu’est Maus. Le récit d’une vie, racontée avec amour et sincérité. Une histoire criante de vérité et témoignant des pires horreurs, mais sachant garder un ton léger, rendant la lecture agréable. Maus c’est 250 pages de BD, tout en noir et blanc, que du dialogue, et pourtant, aucun temps mort, aucun ennui. Est-ce ça, qu’on appelle le génie ?