Attention, oeuvre choc!
Plus de 250 pages d'Histoire, de vie, d'émotion, même parfois d'humour.Maus est un ouvrage qui marque, qui laisse groggy, qui sait mettre en images la Shoah et l'état d'esprit des Juifs d'une façon particulièrement réaliste et saisissante, sans vraiment épargner le lecteur, et qui raconte aussi le début d'une compréhension mutuelle entre un père et son fils.
Juste un réel chef-d'oeuvre de bande dessinée, mais aussi de finesse et de respect.D'humanité, en un mot.
Art Spiegelman a signé une oeuvre majeure pour le 9e Art et pour le devoir de mémoire.
A lire si ce n'est pas déjà fait.
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Nouvelle critique après relecture récente.
Maus... La première fois que j'ai lu cette œuvre, j'étais au lycée. Je fouillais le petit coin BD, et je tombe sur une intégrale de Maus. La couverture fut déjà un choc visuel, quelque chose qui vous attire l'œil et vous force à ouvrir et lire le contenu. Deux souris face à un mur, une croix gammée avec au centre un visage de chat qui est clairement celui d'Adolf Hitler. Le chat qui chasse la souris, Hitler qui chasse les Juifs d'Europe. Le ton est donné, nous entrons dans ce qui est sans doute la période la plus sombre de l'Histoire.
Je n'avais pas relu Maus depuis cette époque. Mais, tout comme Persépolis que j'ai découvert au même moment (il était quand même bien fourni en BD, ce CDI), l'œuvre est restée gravée dans ma mémoire, tellement ce fut un choc, et a continué de me suivre toutes ces années. Aujourd'hui, une dizaine d'années plus tard, j'ai acheté mon propre exemplaire de cette intégrale, que j'ai relu avec le même plaisir et la même émotion que quand j'étais ado.
On entend parfois que la BD n'a pas d'intérêt, est pour les enfants, n'est pas de la vraie littérature, et j'en passe... Si vous connaissez quelqu'un qui tient ce genre de discours, mettez-lui immédiatement Maus sous le nez, et je vous garantis qu'il viendra vous présenter ses plus plates excuses le lendemain. Seule bande dessinée à avoir obtenu le Prix Pulitzer, en 1992, elle nous entraîne directement au cœur même de la barbarie nazie et de l'enfer des camps.
À travers les souvenirs d'un survivant, nous comprenons mieux l'ampleur et l'horreur de la Shoah, sans tomber dans le larmoyant ou l'accusateur. Juste des faits, à travers un survivant qui a aussi ses faces sombres.
L'analogie des hommes à des animaux, où Spiegelman détourne ainsi la propagande nazie de l'époque (oui, Jospeh Goebbels, Ministre de la Propagande, a fait représenter les Juifs comme des rats et souris, et les Polonais comme des cochons, comme le fait ici Spiegelman dans une autre optique), offre la distance nécessaire pour garder un certain recul, mais on ne peut s'empêcher d'être empathique face à ce qui est traversé.
Mais c'est aussi une histoire familiale, celle d'une difficile relation père-fils, d'un fils qui a toujours couru après son père... Et l'auto-analyse d'un auteur, jamais remis du suicide de sa mère, et qui porte difficilement, comme sans doute tant d'autres, son statut de "fils de survivant". Doit-on se sentir coupable de vivre dans un environnement relativement "facile", par rapport à cette période ? Dure question...
Maus, c'est aussi un peu d'humour, de la tendresse, des souvenirs... C'est la vie. Un hymne à la vie, à la liberté, et au courage de ceux qui ont tout fait pour survivre avec leurs familles.
Un choc visuel et émotionnel, voilà qui résume le mieux.
Maus n'est pas une simple BD.
C'est une œuvre à part entière, un chef-d'œuvre, un élément majeur du 9e art, et surtout une pierre importante sur le mur du devoir de mémoire. C'est à lire absolument, pour ne pas oublier jusqu'où l'Homme peut aller dans la barbarie, et jusqu'où il peut aller pour survivre, tant qu'il a l'espoir avec lui.
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