Western moderne

Mauvaise réputation n'est pas d'une lecture facile. Pour un véritable plaisir de lecture, on s'aperçoit vite qu'il est nécessaire de connaître au préalable l'histoire du gang Dalton ; un pré-requis implicite dont se sert Ozanam pour créer une narration très dynamique organisée autour d'épisodes saillants et révélateurs (du point de vue d'Emmett Dalton). Un très gros et habile travail de découpage, d'ellipses, de partis-pris documentaires qu'il faut saluer. Désarçonnant pour le non-initié, mais justifié : il s'agit après tout de déconstruire une réputation, d'occulter la légende pour faire jaillir la vérité (au moins celle d'Emmett).

Alors, oui, on a du mal à différencier les frères Dalton, et le foisonnement des personnages secondaires, voire tertiaires suscite une sensation de confusion. N'empêche, la marche des Dalton vers le statut d'outlaw est remarquablement exposée, constitue un passionnant témoignage à décharge, surtout dans l'aspect social des conditions de vie des Marshalls. Et le personnage d'Emmett Dalton est une très belle figure dramatique et crépusculaire, vaincu par sa célébrité maudite, amer, coupable.

Mauvaise réputation est de ces westerns modelés par nos préoccupations contemporaines : réécriture des idoles, critique de l'état, distorsion entre le statut public et la vérité personnelle. Il mérite bien pour cela toute l'attention qu'il exige de nous.