Jolie découverte que ce tryptique (dont pour l'instant deux tomes sont sortis) qui propose une aventure en mer autour d'un cargo, le Garoya, dont les différents occupants ont des motivations mystérieuses, à l'époque de la première guerre mondiale. Le graphisme fait immanquablement penser à Hugo Pratt à son meilleur.


Méditerranée, 40, 7 ° N, 19 ° E. Une fusillade entre l'équipage d'un cargo et un boutre à voile double rempli de Turcs. Le boutre est arraisonné, sa cargaison d'armes allemandes à destination de la Turquie est confisquée, le navire est cruellement coulé. A bord du cargo, on trouve :
un jeune Anglais cruel qui a permis cet arraisonnement,
un révolutionnaire Mexicain dont le corpulence et les petites lunettes noires rappellent Bakounine,
le second, Bjornson
un mystérieux capitaine, Tana, qui reste dans sa cabine et semble malade.
Il se fait soigner par un Indien mexicain, Cinco Yax.


L'Anglais veut que les armes soient livrées à Gibraltar, mais pendant qu'il dort, le bateau repart. A son réveil, il est jeté par-dessus bord sous l'oeil impassible de Tana. Les armes doivent être livrées au Mexique pour soutenir la révolution zapatiste, mais Tana fait arrêter le bateau au large de l'Espagne pour le maquiller et fait une escale mystérieuse à Saint-Nazaire. Le capitaine fait remettre un carnet à une jeune femme qui monte sur un paquebot à destination de l'Amérique, le Maine, avec lequel le Garoya doit faire convoi (à cause des U-Boots). Les caisses d'armes sont maquillées et mélangées à du matériel agricole. Au large, le Garoya prétexte une avarie pour continuer sa route seul.


Comme je le disais, le graphisme est sublime. C'est de la ligne claire assez réaliste qui rappelle Pratt, Tardi ou Moebius, avec des couleurs chaudes, à dominantes jaune bleu gris. On retrouve un découpage qui rappelle la BD d'aventure, alternant les plans généraux et les inserts.


Surtout, comme les bons tomes de Corto Maltese, c'est une BD dont le rythme respire, au rythme des moteurs à mazout, des déchargements à la grue et des échanges de signaux lumineux entre navires. Certaines pages sont purement au service de l'atmosphère, comme celle où l'on voit les passagers du Maine embarquer. On accorde autant d'importance à installer le mystère qu'à montrer un Indien malade vomir sur des bottes, le capitaine jouer seul de l'accordéon dans sa cabine, etc...


Surtout, ce n'est pas faire "à la manière de Pratt" juste pour le plaisir de la recréation. Il y a une histoire derrière, et le voyage est plus important que le dénouement.


C'est beau, c'est mystérieux et surtout ça RESPIRE.

zardoz6704
9
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le 17 sept. 2017

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zardoz6704

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