• River Bass, tu as l'air... Eh bien, je n'ai pas vraiment de mots pour décrire à quel point tu as l'air mal en point... Tu as besoin d'un bain, d'un peu de whisky et d'un cigare... Et pourquoi pas d'une fille ? Mindy est libre et tu sais qu'elle t'aime bien.

  • Merci, Cléo. Pas de fille. Juste... les autres trucs.

  • Pas de fille ? River, tu dois te sentir encore plus mal que tu n'en as l'air !



Après un premier volume qui n'est pas passé inaperçu, les Éditions Delcourt présente le tome 2 des sombres aventures de Marshal Bass avec, "Meurtres en famille". Un second opus très gore qui présente la face obscure du western par le biais d'une transfiguration morbide qui n'est pas sans rappeler un croisement entre ''Django'' de Quentin Tarantino, avec la famille Hewitt, de ''Massacre à la tronçonneuse'' de Tobe Hooper, ainsi que ''J'ai rencontré le Diable'' de kim Jee-Woon. River Bass est à la recherche de Timothy Brown, poursuivit pour multiple homicide envers des femmes célibataires et enceintes dont il récupère les nourrissons pour l'aider à séduire les victimes suivantes. Un déséquilibré mental qui dans sa quête meurtrière va se retrouver à la table d'une famille de psychopathes avec les ''Vanderkolk''. Un foyer composé d'un couple d'amants frère et sœur avec le père, ''Pa'' et la mère, ''Ma''. Accompagné de leurs jeunes enfants Janwillen et Sabien qui sont également incestueux, ils assassinent quiconque vient manger à leur table afin de détrousser les corps, tels des charognards. Au cours du récit, les Vanderkolk viendront à rencontrer une famille de tarée avec la tribu ''Royauté'', composée de la mère ''Duchesse'', du fils aîné, ''Duc'', du second, ''Demi-duc'' et enfin du dernier, ''Jeune-Duc''. Des violeurs pédophiles qui ne font aucune distinction entre un jeune garçon et une jeune fille. C'est avec tout ce beau monde que le shérif-adjoint River Bass va devoir composer : « bonne chance à lui ! »


Le scénariste Darko Macan dessine les contours d'un drame humain abject où toute la vermine névrosée de l'Ouest semble s'être donné rendez-vous. Un western choc dont on reste pétrifié devant la virtuosité perverse du récit à rendre un regard mortifère sur une société déséquilibrée en poussant malicieusement jusqu'au-boutiste le sujet, au point d'atteindre une impasse morale qui laisse le lecteur à la fois subjugué et tétanisé. Un jeu pervers du chat et de la souris qui piétine les règles morales du western à travers le sadisme d'une histoire radicale au rendu atmosphérique malfaisant et malsain qui s'enroule dans un linceul implacable et glaçant. Les dessins d'Igor Kordey avec cette mouvance comics s'avèrent finalement être une pièce de choix pour retranscrire une telle morbidité, avec la fameuse double page que l'on retrouve dans chaque tome et qui ici représente une superbe illustration de la ville.


Le récit soulève une véritable question d'ordre morale autour d'une vision galvaudée des héros de l'Ouest que composent les colons américains ainsi que les shérifs et autres cowboys. River Bass n'échappe pas à cette critique en incarnant une figure héroïque amère qui n'a rien à voir avec les héros mythiques du Far West façonnés par les histoires et les bandes dessinées. Personne n'est innocent, chacun doit composer avec sa part obscure. Dans le cas de Bass, celui-ci trompe sa femme et n'hésite pas à profiter sexuellement des prisonnières en laissant l'espoir pour celle-ci d'être libérée en échange de quoi elles sont conciliantes. Même constat pour le chasseur de primes : "Turtle", qui veut attraper Bass pour le livrer à la famille Defoe, qui a mis sa tête à prix pour 1000 dollars après la tuerie de Black & White, et qui côtoie la pire d'échéance humaine sans intervenir s'il n'y a pas de gains à remporter à l'arrivée. L'action ne s'appuie nullement sur des fusillades et autres duels, mais autour d'un suspense haletant d'une extrême violence qui remue les tripes.



CONCLUSION :



Avec Marshal Bass : "Meurtres en famille", le scénariste Darko Macan frappe extrêmement fort en proposant un second tome sans concessions qui prend un malin plaisir à briser les codes du western par une approche macabre, immorale, cruelle, impitoyable et sans détour, qui nous envoie en pleine face toute la décadence humaine. Un western sombre et violent muni d'une technicité soignée qui favorise à rendre une ambiance corrosive en symbiose avec le récit brutal dépeint, qui ne laisse aucun un instant de répit au lecteur.


Je n'avais encore jamais vu ni lu ça dans un western. Une grande première !




  • Est-ce que le lynchage est autorisé dans votre ville, Shérif ?

  • Ce n'est pas vraiment autorisé, mais je dirais que ce n'est pas formellement interdit non plus... Tous les moyens sont bons, hein ?

  • Ouais, ouais.


B_Jérémy
9
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le 18 mars 2022

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