Traditionnellement, au Japon, on n’utilise pas de coton-tige pour se nettoyer les oreilles mais un mimikaki, un bâtonnet à l’extrémité recourbée, qui peut être en bambou ou parfois en métal. Un outil souvent associé à la mère qui le manie avec dextérité sur ses enfants, leur tête posée sur ses genoux. Une pratique rituelle qui procure tant de plaisir (proche de l'orgasme pour certains) que des salons dédiés ont ouvert afin d'offrir à une clientèle adulte un nettoyage d’oreilles dans les règles de l’art.
Après nous avoir conté les histoires des clients d’un restaurant de nuit tokyoïte dans La Cantine de minuit (dont le quatrième tome est attendu à la rentrée), Yarô Abe nous dévoile un autre pan méconnu de la culture japonaise à travers neuf histoires courtes sur les clients de Shizue, une femme réputée pour la volupté de son maniement du mimikaki. Les sensations ressenties par les clients sont habilement mis en images à travers des cases très métaphoriques. C’est surprenant, drôle et poétique à la fois. Un petit bijou, déniché, une fois encore, par les éditions Le Lézard Noir (Chiisakobé).