Critique de Errance par nolhane
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le 4 mai 2019
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Sugiura Hinako est une mangaka-historienne importante au Japon. En France, jusqu'en 2018, on connaissait de son travail uniquement le diptyque Oreillers de Laque. Décédée en 2005, son œuvre mêlant dessin proche de l'estampe et rigueur historique continue d'influencer auteurs, lecteurs et cinéaste (Miss Hokusai a été adapté en film en 2015 par Keiichi Hara).
Miss Hokusai est un diptyque se déroulant au début du XIXième siècle, durant l'époque d'Edo. Hinako met en scène la vie de certains artistes de l'époque en se concentrant principalement sur O-Ei, une des 4 filles du peintre Hokusai. O-Ei est montrée comme une jeune femme discrète, concentrée sur la peinture et ses proches. Alors qu'elle est peu connue historiquement, son talent lui a permis d'aider son père en signant certaines de ces œuvres sous le nom de Hokusai afin de répondre à des commandes.
Les plus de 600 pages que comporte l’œuvre mettent surtout en avant O-Ei, Hokusai et Ikeda Zenjirô. On découvre leur quotidien dans un atelier d'artiste bordélique où ils dorment, travaillent et se disputent sans ménagement. Ikeda Zenjirô est présenté comme un pique assiette et un piètre disciple de Hokusai. Les deux hommes semblent néanmoins très proche et il est curieux de voir la jeunesse légère de celui qui deviendra le célèbre Keisai Eisen.
Bien sur, on peut se demander si la triste place des femmes à cette époque n'a pas renforcé la discrétion de O-Ei. Elle aurait sans doute pu être aussi connu que d'autres artistes de l'époque si on l'avait considéré à l'égale d'un homme..
Malgré sa rigueur historique, la lecture est assez légère. L'autrice amenant beaucoup d'humour et de situations cocasses. Les croyances de l'époque sont également montrés au travers de belles idées visuelles et scénaristiques.
Bien que Miss Hokusai sois une œuvre de jeunesse pour la mangaka, son trait parfois maladroit est d'une grande efficacité. Elle sait parfaitement alléger son dessin lorsque s'est nécessaire où faire preuve de prouesse visuelle quand elle le souhaite. Les décors, costumes et l'ambiance sont un ravissement de sorte que l'on a l'impression de revoir le Edo de l'époque nous apparaître en tournant les pages. Certaines pages ressemblant à des estampes sont de toutes beautés.
Ce manga est également un hommage aux artistes de l'époque, qu'ils soient cités, dessinés ou présent via les premières pages de chapitres montrant l’œuvre d'artistes comme Hokusai, Eisen ou Utamaro. On découvre également de nombreux aspects de l'époque comme le théâtre, la prostitution, les maisons d'éditions, le shogunat ou encore la gastronomie.
Ce manga est un bel hommage à une époque où l'art de l'estampe était en pleine effervescence et l'hommage à une femme forte et libre trop peu connue de la grande histoire. Un manga indispensable et une autrice que l'on aimerai beaucoup voir plus éditée en France.
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Créée
le 29 nov. 2019
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