Sujet intéressant. Développement désolant.
Le récit est trop court, trop expéditif ; chacune de ces romances (pas aussi nombreuses qu'espéré) est intéressante mais c'est à peine si on s'y attarde. Même si ce ne sont que des coups d'un soir ou des râteaux, ça méritait un plus ample et plus riche développement. Mais il n'y a pas que ça : c'est pareil pour les amitiés, les rendez-vous chez le psy... tout va beaucoup trop vite. Si bien que les dialogues manquent de consistance ; ça passe plus pour des phrases toute bien faites, moralisatrices, théoriques, féministes, plutôt que de vrais dialogues avec des personnages qui échangeraient leurs points de vue. Quand le personnage regrette tout seul dans son coin son comportement toxique, c'est 'too much', il n'est pas censé dire ça si vite après avoir mal agi et arriver de la sorte à cette réflexion. Le fait qu'il continue malgré tout est intéressant, mais pas assez exploité. Et enfin... on a l'impressoin que les auteurs embrassent la cause féministe et anti-patriarcale sans se remettre en question, sans nuancer le propos, tout est fait pour uniquement démontrer que les mecs sont des connards, que le porno perturbe les relations, que le patrarcat est partout. Mais aucune réelle démonstration, aucun développement... juste des idées reprises telles quelles et énoncées directement dans les dialogues.
Le dessin n'est pas satisfaisant. Et pourtant on sent des qualités. La façon dont le dessinateur peut utiliser l'obscurité sans avoir peur que le lecteur ne comprenne pas le dessin. Le découpage en soi est correct, les compositions sont correctes. Par contre le dessin, est souvent moche, les visage déformés, les mains sont souvent mal fichues (la première page, on dirait que les gens n'ont que trois doigts, dans les pages suivantes ça arrive encore parfois, mais c'est plus dû à un encrage pas très bien fait qui nuit donc à la lisibilité du dessin), les expressions faciales sont très limitées.
Bref, un sujet intéressant mais un développement expéditif au point de rendre le récit plus théorique et moralisateur que narratif ; en prime, un dessin moyen.