Quand l’amour vacille entre les chips et la crise existentielle

Dans Moins qu’hier (plus que demain), Fabrice Caro dissèque le couple moderne avec un scalpel aiguisé par l’ironie et le désespoir feutré. À travers une série de saynètes hilarantes (ou tragiques, selon votre tolérance aux dîners conjugaux silencieux), Fabcaro nous invite à observer les relations humaines comme un entomologiste qui aurait remplacé la loupe par un sourire narquois.

Chaque planche capture un instantané de la vie à deux, ou plutôt de la vie à deux qui ne tourne pas toujours rond. Une conversation anodine sur le choix des chips peut se transformer en une guerre froide, et un « Comment tu me trouves ? » peut ouvrir une faille spatio-temporelle de malaise. Fabcaro excelle dans cet art du décalage : des dialogues d’apparence banale prennent une tournure absurde qui frappe comme une évidence.

Graphiquement, l’album adopte un style minimaliste qui sert parfaitement son propos. Les personnages, réduits à l’essentiel, semblent figés dans un quotidien où l’humour masque un gouffre d’incompréhensions. Les visages, à la fois neutres et expressifs, traduisent un mélange d’apathie et de résignation qui prête à sourire… jaune.

L’humour, omniprésent, flirte parfois avec la cruauté. Fabcaro ne laisse aucun répit à ses personnages, enchaînant les situations où les non-dits, les attentes déçues et les malentendus explosent dans un feu d’artifice d’absurde. Mais derrière la moquerie se cache une tendresse implicite pour ces couples qui s’efforcent tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau (ou au-dessus du bol de cacahuètes).

Si l’ensemble est savoureux, il peut toutefois donner une impression de répétition à la longue. Certaines situations, aussi bien écrites soient-elles, finissent par se ressembler, comme si Fabcaro nous servait le même plat sous des sauces légèrement différentes.

En résumé, Moins qu’hier (plus que demain) est une radiographie drôle et mordante de la vie conjugale, où chaque gag est une petite piqûre de vérité. Un album qui fait rire autant qu’il dérange, idéal pour les amateurs d’humour noir (et de chips au vinaigre).