On connaissait Kid Lucky, Billy the Kid, puis plus récemment les Six-Coups, préparez-vous à faire la connaissance d’une tempête nommée Wind. Molly Wind (à ne pas confondre avec Molly West, un diptyque paru il y a deux ans chez Vents d’Ouest). Avec sa longue tresse rutilante, cette petite binoclarde a plus d’un tour dans son sac, aux côtés de chefs-d’œuvre de la littérature. De nobles lettres qui pourraient élever les débats et sortir les Appalaches d’un Far West à tête patibulaire qui n’a que trop duré. Pourvu qu’on puisse galoper sans peur et sans reproche.
Chronique à lire en ingégralité et avec plein d'extraits sur : https://branchesculture.com/2024/05/27/molly-wind-bibliothecaire-du-far-west-tome-1-bd-catalina-gonzalez-vilar-toni-galmes-aventure-jeunesse-cheval-voyage-rencontres-convoitise-danger/
1937, la dernière heure du Far West est passée mais ça ne l’empêche pas de jouer les prolongations dans les territoires reculés. Où quelques malfrats tentent encore d’imposer par la force et la félonie leurs projets peu philanthropes. Ici, il s’agit d’un pur-sang qui est convoité par un borgne à la dent d’or et qui entend bien ne pas laisser des « bouseux » (le rejet de classe est bien présent, entre gens de la ville et ceux de la campagne) jouir des qualités de l’animal.
Mais « c’est pas très malin d’écouter un pirate », juge Molly à la lumière de Robert Louis Stevenson. Seulement, voilà, elle est la plus petite de la famille et elle n’a pas trop son mot à dire dans la famille (hé oui, sur terre ou dans les airs, comme on l’a vu avec Amelia Erroway, les grands décident que chaque chose en son temps). S’il faut gagner un peu plus d’argent, c’est plus sur Ann, sa soeur Ann, son aînée, qu’il faut miser. Cette offre d’emploi pour être bibliothécaire itinérante tombe à point nommé pour éviter à la mère de famille de commettre l’irréparable. Mais, forcément, avec Tom Halton, à distance, et ses deux rejetons, sur les talons d’une héroïne et puis de l’autre, le plan ne va pas se passer comme prévu. Que les adultes le veuillent ou non, avec son grand coeur et sa soif de découvertes, Molly reste le seul espoir. Carson mérite qu’on se batte pour lui mais aussi la littérature pour qu’elle éclaire les coins les plus reculés du monde. Sources de dangers mais aussi d’émerveillement.
Avec cette histoire tissée d’aventure, de dépassement de soi et de bons sentiments, les Espagnols Catalina González Vilar et Toni Galmés (ancien professeur d’histoire dont on découvre le dessin en francophonie, cette année, avec la parution quasi-simultanée du premier tome de Quand la nuit tombe), et Toni Vicent aux couleurs, nous entraînent dans un premier tome qui dose bien ses rebondissements et son humour. Les femmes y sont presque seules au monde pour rendre celui-ci meilleur et plus soudé, malgré tous les individus qui essayeront de diviser pour mieux régner.