Critique de Mon père était boxeur par Sophie_G
Beau récit autobiographique mais manque d'émotion.
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le 27 sept. 2016
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Roman graphique de Christophe Goret (Kris), Barbara Pellerin et Vincent Bailly (2016)
Barbara Pellerin, la petite trentaine, réalise des documentaires. Cela fait longtemps qu’elle a troqué sa Normandie natale pour la banlieue parisienne. Du coup, elle n’a plus vu son père depuis des années. Il faut dire qu’elle a quitté la maison familiale à 18 ans, épuisée par des années de disputes entre ses parents. « De leur histoire je ne me souviens que des disputes, de mon père fou de rage, fou d’amour, fou de jalousie, fou d’une violence qui le dépassait », écrit-elle. « J’ai baigné dans la crainte d’un débordement, d’un coup de folie, du meurtre. Imprévisible, il se transformait brusquement en un volcan de fureur que rien ne semblait pouvoir arrêter, même pas moi. » Et pourtant, malgré ses blessures d’enfance, Barbara décide en 2011 de réaliser un documentaire sur son père. Ou plutôt sur la boxe. Au départ, la jeune femme se persuade qu’elle va utiliser son père, ancien champion de France espoirs et trois fois finaliste du championnat de France des poids lourds, comme porte d’entrée pour un film sur l’univers de la boxe. Mais en réalité, ce n’est qu’un prétexte. « C’est vraiment la boxe que tu as envie de filmer? Par le plus grand des hasards, ce ne serait pas plutôt… ton père? », lui demande son ami Jérémie, qui comprend bien avant elle que ce documentaire est avant tout une manière pour Barbara de se rapprocher de son paternel. Pour elle, ce documentaire est une chance unique d’enfin comprendre pourquoi cet homme bourru, mais doté d’un grand coeur, a sombré dans l’alcool et la violence une fois que sa carrière sur le ring s’est terminée. Reconverti en représentant de commerce pour le groupe Berger, un producteur d’apéritifs, il perdra petit à petit sa joie de vivre. A un point tel que sa femme finira par le quitter, elle qui avait pourtant accompagné son mari dans ses victoires et ses défaites durant dix-sept longues années. Quand Barbara renoue avec son père pour son documentaire, elle retrouve un homme brisé, qui sort tout juste d’un séjour en hôpital psychiatrique. Caméra au poing, elle commence à le suivre et passe une partie de l’hiver 2012 avec lui, notamment au Boxing club de Rouen. « Au milieu d’un gouffre creusé depuis l’enfance, la boxe deviendra un virage, une virgule, un trait d’union entre mon père et moi », dit-elle. Un trait d’union interrompu brusquement le 25 novembre 2012, lorsqu’un coup de fil lui apprend que cet homme qu’elle retrouvait enfin est mort…
« Cette histoire est le portrait d’une relation entre un père et sa fille. » Dès les premières pages de l’album, on comprend que la boxe ne constitue pas le sujet principal de cette histoire, même si elle y occupe une place prépondérante. Plus qu’un documentaire, « Mon père était boxeur » est avant tout un récit autobiographique fort et poignant sur les non-dits entre un papa blessé par la vie et une fille qui découvre sur le tard qu’en réalité, elle aimait son père, en dépit de tous ses défauts. A la base, cette histoire devait uniquement être un film documentaire, dont le DVD accompagne d’ailleurs le livre, mais grâce au talent du scénariste Kris (connu notamment pour la série « Notre mère la guerre ») et du dessinateur Vincent Bailly (dont le style fait parfois penser à celui de Baru), c’est devenu aussi une BD. « La bande dessinée développe une dimension fictionnelle que nous ne pouvions avoir dans le film », dit Barbara Pellerin. « La transposition artistique d’une part de ma vie s’avérait être le moyen de donner une dimension universelle à mon récit. » Pari gagné, puisque tous ceux qui ont perdu leur père se reconnaîtront certainement dans le vécu de Barbara. Dans la BD, certaines séquences donnent même véritablement la chair de poule, notamment ce moment un peu irréel où Barbara et son père traversent en voiture la ville illuminée par les décorations de Noël ou bien celui où Barbara se rend pour la première et dernière fois dans la maison de son père. Semblant enfin apaisé, celui-ci lui fait alors un cadeau inestimable en lui remettant les images Super 8 de son dernier combat de boxe. Emouvant et sensible, « Mon père était boxeur » est une victoire par KO pour le trio Pellerin, Kris et Bailly!
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Créée
le 5 juin 2016
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Pour en savoir plus, lisez ma critique sur mon blog Le tourneur de pages https://tourneurdepages.wordpress.com/2016/07/27/mon-pere-etait-boxeur/
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