Monica, c’est le récit d’une femme marquée à vie par l’abandon de sa mère. C’est ce qui va la définir et l’amener à chercher des réponses tout au long de son existence. Daniel Clowes, même s’il dispose bien sociologiquement et psychologiquement le personnage principal de son comics, règle son compte à une Amérique perdue du Vietnam aux début des années 2000. Monica, malgré elle, hérite du manque flagrant de sens à sa vie de sa mère Penny, connaît le même genre d’errances, même si son recul sûr elle-même paraît présent et parfois salutaire. Raconter l’itinéraire chaotique de cette laissée pour compte, est sans conteste la colonne vertébrale de cette œuvre même si des épisodes « fantastiques » la jalonnent ( comme dans la partie The Glow Infernal ou la voix du transistor parlant à Monica). C’est là que la jonction des styles est déroutante, que l’univers critique de Clowes dénote avec les visions horrifiques de certains personnages.En tous cas, l’auteur réaffirme que Monica ne peut être perdue car son environnement immédiat de connaissances proches ou éphémères l’est tout autant ( choisissant la fuite, les sectes ou la solitude).Finalement, même si l’œuvre est construite, son amertume jusqu’au boutiste cristallise le destin de sa protagoniste, trouvant son équilibre dans des consolations passagères ( se confier à quelques personnes ou se balader dans la nature) et fait se demander au lecteur: est ce que ce voyage m’a marqué et ai je du le subir pour en ressortir secoué et mal à l’aise? Ce qui en dit long sur cette réception de Monica, œuvre aussi excentrique et désabusée.