Dernier album de Corto Maltese vu par Hugo Pratt.
Pas le meilleur, pas le pire non plus. La quête n'est pas déplaisante en soi, l'aventure est plus présente que ce que j'aurais cru après lecture de la préface (on devrait fusiller ceux qui font des préfaces, la plupart du temps ce sont des fanboys qui racontent à peu près n'importe quoi), mais le déroulement est un peu foutraque, pas toujours très bien ficelé. L'univers est plaisant, mais on reste un peu sur sa faim, sans doute parce que l'auteur fait plus appel à son imagination qu'à des documents réels comme pour les précédentes aventures. Les personnages secondaires sont très pauvres et le traitement de Raspoutine est très décevant (l'auteur appuie trop lui-même, au travers de réplique de Corto, ce qui fait la beauté du personnage russe). Reste un univers sympa, quelques échanges amusants, un thème philosophique plaisant.
Le graphisme est plaisant, Pratt reste à faire du Pratt ; il y a bien un bateau mieux dessiné de temps en temps, qu'il répète en l'agrandissant ou rétrécissant, mais ça ne choque pas autant que les belles bagnoles des précédents tomes. Le découpage est correct, même si la caméra est baladée un peu inutilement lors des longs dialogues. Le dessin est brut, plein d'énergie, l'encrage aussi, et en même temps c'est très lisible. Certaines pages sont très bien construites, avec un jeu visuel intéressant, d'autres ont l'air construites sans trop de réflexion mais restent sympas. Depuis quelques tomes, Pratt évite de surchargée ses phylactères, on se retrouve ainsi avec des bulles à peine remplies de texte... ce qui n'est pas déplaisant, ça permet d'aérer un peu ; je me demande quand même si la taille du texte de la version originale ne serait pas un peu plus grande ?
J'ai jeté un œil aux couleurs, qui sont sympas, comme toujours, mais pas assez psychédéliques pour un album où l'on se réfère à plusieurs reprises à a drogue et à l'état qu'il procure.
Bref, album sympa mais clairement pas le meilleur. D'ailleurs je l'ai déjà un peu oublié.