On ne badine pas avec la liberté ici. Après des mois d’attentes interminables, voilà ma critique négative d’une série sans doute terminée que je n’ai pas lue jusqu’au bout ; je suis donc la personne la plus objective du monde entier pour vous dire pourquoi le produit culturel que vous appréciez est nul.
Le postulat de départ est cliché à souhait, mais promet d’être divertissant : dans un monde flou et pas super bien défini où 80 % de la population ont des pouvoirs, et bien notre protagoniste n’en a pas ! Il y a toute une affaire avec le fait qu’il te faut un diplôme pour l’utiliser en société et pas t’être considéré comme un super méchant (imaginez que demain 4 personnes sur 5 ont la force, mais seuls ceux qui ont fait une maîtrise en droit policier ont droit de l’utiliser, c’est cool).
Mon problème c’est que l’œuvre ne respecte même pas son propre concept. Tu vois, tête verte là, c’est un nerd. Les astres sont alignés et lui crient dessus « TU VAS DEVENIR BATMAN ». Dans le pire des cas, il devient le Batman qui sent le moisi du Snyderverse, mais avec de la chance il peut devenir le gars le plus cool sans pouvoir de l’univers DC : Lex Luthor (pas du snyderverse, sinon il n’est vraiment pas chanceux).
Bien tant pis pour toi le cave, voilà qu’il tombe sur un faux Américain, le super héros le plus cool de tous les temps au détour d’une ruelle (je me baladais tranquillou quand je suis tombé nez à nez avec Superman et il m'a dit qu'il s'appelait Clark Kent car ma face lui revenait bien) et lui dit « nettoie une plage, fait des pushups et bouffe moi le poil » et bim, bam, boum : voilà que notre petit bonhomme vert devient un protagoniste de manga encore plus commun qu’avant.
Je profite donc de ce constat pour vous dire une chose : l’histoire aurait été infiniment mieux si Midoriya était resté sans pouvoirs. Je suis allé tester cette théorie sur un forum dédier voir si l’opinion des gens penchait de mon bord. Et bien figurez-vous que 15 minutes après avoir posé la question, 20 % sont restés polis, et les autres, né avec l’alter du petit con, ont insultés mon arbre généalogique au grand complet comme si j’étais passé sur leur chien avec une tondeuse. Donc après cette trempette, je crois que je peux dire que oui, l’eau est bonne, mais infestée de piranhas.
Bref, je trouve bien que donner à ton personne principal des pouvoirs après t’avoir montré à quel point sa vie c’est de la marde sans, c’est triché. C’est non seulement triché, c’est malhonnête. Le gars il naît avec une difformité qui le place en parias de tout le monde, Bakugo, son meilleur ami lui dit d’aller jouer dans le trafic (toujours un perso attachant l’enfant qui dit à un autre de se suicider), et la solution ? Ne pas apprendre à vivre avec, ça serait trop beau, mais un MacGuffin capillaire qui est à la solution a tout ses problèmes.
Mon énervement ne peut pas être clair pour tout le monde, alors je vais prendre un exemple : si dans A silent voice (2016), la petite fille sourde après toutes les tortures de sa cohorte, récupère soudainement l’ouïe ? Genre, toutes les injures à son égard sont annulées parce qu’elle a mangé un poil et peut maintenant être considérée comme une vraie personne. Vous ne trouverez pas qu’on vous prend pour une valise ?
La critique que j’ai entendue le plus souvent face à l’idée d’avoir un protagoniste sans pouvoir, c’est qu’il ne ferait pas le poids contre les antagonistes de la série. Et oui c’est vrai, tu ne peux pas mettre Jean-Kevin bin ordinaire contre « Capitaine croûté de la face » et espérer un combat passionnant (je dirais même que ça serait assez moisi, haha et oui je fais des blagues). Mais, alors là, accrochez-vous, il n’a pas besoin d’être doué à la bagarre. T’as vu les autres super enfants ? Il y a de quoi faire, la tête de brocoli peut juste servir de Batman du groupe, coordonner les gens compétents, exploités les failles de l’ennemie et en gros ne servir que de support. Plus tard dans la série tu apprends qu’il y a un groupe étudiant dont leur seule job c’est de faire des gadgets, criss, prend un rouleau de Duct tape, attaches-y tous les gadgets sur le corps et il rivalise déjà un bon groupe de héros aux pouvoirs aléatoires, si t’as besoin d’en faire un gros bill, mais franchement ce n’est pas la peine.
Je croyais vraiment que la force de Midoriya allait être son intelligence et son empathie. Même l’examen d’entrée, il aurait pu le réussir en état le seul à se comporter en héros, et pas en manique impulsive seulement motivée par le score, comme il le fait dans la série, mais le cassage de bras en moins. Il aurait pu aussi forger des liens avec les adversaires qu’il va rencontrer tout au long de la série, comprendre leurs motivations (s’ils en ont, je vais revenir là-dessus) et leur offrir une chance de rédemption. Oui, ça fait très « C’est méchant d’être méchant, c’est plus gentil d’être gentil », mais quand tu vois le casting de bras cassés qui, pour faute de mieux, serviront d’antagoniste, tu te dis que quand même, il y a peut-être mieux que le super pouvoir d’exploser des buildings pour arrêter ces gens-là.
Méchants pas beaux
C’est la misère. La ligue des vilains renvoie exactement l’image que le nom inspire : des bédés éclatés de la tête qui un jour se sont levé et n’ayant rien mieux à crisser de leur journée ont décidé de leur propre chef pour des raisons totalement arbitraires, voir inexistante, de se vêtir de leurs plus beaux costumes qui font peur et de faire du crime. Même le leader fait pitié, « Capitaine gercé de la face » (je ne vais quand même pas lui donner le plaisir de se souvenir de son nom) est juste méchant. Il est né avec un pouvoir de méchant, a tué sa famille par accident et le super méchant, très méchant, vraiment très méchant passait dans ce boute là de la ville et décide de le recueillir. Je ne vois vraiment pas pourquoi des gens suivent ce psychopathe, il a un charisme négatif et à part gagner à « Gnégné c’est moi qui ai le plus gros pouvoir » n’y fait pas grand-chose pour mériter sa position de chef.
Même ses plans puent la marde et consistent généralement à « casser la gueule aux héros » pour montrer qu’on a une grosse graine. Rajouter plus ou moins d’étapes, et voilà votre arc nul peut commencer ! Les autres vilains ne volent pas plus hauts, ce n’est pas de justiciers en collants que ce monde a besoin, mais de service sociaux compétents. La kryptonite de la ligue des vilains c’est des rencontres chez le psy. Alors je fais des généralités, certains personnages sont cool. Je vais vous donner un truc mnémotechnique : c’est souvent eux qui crèvent ou qu’on ne revoir plus jamais. Le personnage de Splice mérite une étoile à lui tout seul, il a une superbe backstory, et j’aurais profité d’une série plus portée sur la discussion. Et bien, il meurt. Pareil pour le super mafieux : son arc est terminé, il devrait moisir en prison pour le reste de la vie, sauf que TG notre bon vieil ami croûté était dans l'ambulance, parce qu'il était dans l'ambulance et ça le tue. Et manque de chance absolue de ma part, même quand un perso que je déteste meurt il trouve une façon pour revenir à la vie… Quelqu’un me veut du mal dans l’équipe de production c’est pas possible.
Mais non, on a jamais le droit à des scènes plus posées où Midoriya vainc ses ennemis par la ruse ou en montrant à ces victimes de la société un autre chemin. Non non, on est trop occupé à lancer des supers coups de poing qui détruisent des buildings et débloquer de nouveaux pouvoirs, car voilà. Vraiment trop sick, je suis content que les scénaristes aient les priorités aux bonnes places.
Bref, je ne vais pas m’éterniser non plus. Je pourrais passer au peigne fin la série et analyser tous ses poux, mais pour quoi faire ? Je pourrais vous dire que faire combattre des adolescents contres des robots géants comme examen d’entré ça pue. Déjà, car ce n’est pas très responsable, et ensuite, c’est cool de pouvoir transformer un tas de métal en shrapnel, mais admettons que la ville ce fait attaquée par autre chose que des robots, qui dit que tu vas être efficace ? Genre le dude qui a le pouvoir de détruire toutes les machines qu’il touche ? Et bien bonne chance pour lui dans la vie, mais il va le passer haut la main cet exam !
Ce qui m’énerve le plus chez My hero academia, c’est ce qu’il aurait pu être. Je ne dis pas qu’on aurait eu affaire à un chef-d’œuvre, mais au moins ça aurait été différent du shonen classique qu’on mange année après année.
Je vous salue, et s’il vous plaît, ne tapez pas trop fort.