Avec moi, l'art du larcin s'élève au rang de chef-d'œuvre !

Louée soit la prévisible cupidité des gobelins.

Les éditions Soleil poursuivent avec " Myth " l'exploration de la franchise " Orcs & Gobelins ", s'articulant en parallèle d'autres sagas telles que Elfes, Mages, et Nains autour de l'univers des Terres d'Arran. Pour ce deuxième tome, on découvre la race peu recommandable et estimable des Gobelins, par le biais du malicieux " Myth ". Un être vil, fourbe, cynique, vantard et drôle qui offre une renaissance parfaite à cette figure médiocre et secondaire du mal de l'héroïc fantasy. Une créature pitoyable souvent esclave des besognes des plus puissants, ou servant de sac de frappe pour les figures héroïques. Une image bouffonne à laquelle le scénariste Sylvain Cordurié offre justice en restant dans une ligne de conduite fidèle à cette race, mais qui va tirer le meilleur des capacités de ces luciférien en exploitant leur agilité et leur sournoiserie autour d'un scénario adéquat, centré sur un casse hors du commun. Une mission périlleuse dans laquelle Myth en tant que voleur renommé auquel aucun trésor ne résiste, pas même les bourses des hommes (pauvre Attan Sullemis), est enrôlé par un mystérieux mercenaire pour cambrioler le joyau de Raal'yn, un elfe noir surpuissant ayant élu domicile dans une citadelle impénétrable.

Un décor idéal qui nous tient en haleine du début à la fin grâce à scénario aussi fluide que vif appuyé par une utilisation de la voix off toujours aussi efficace, offrant des situations cocasses et ô combien dépaysantes autour des préparatifs de ce casse hors normes, qui va emporter le lecteur dans un tourbillon de rebondissements convaincants au cours desquels Myth va s'unir avec un sympathique trio de Gobelins. Un quatuor attachant qui devra déployer des stratégies périlleuses pour tenter de survivre au funeste projet d'infiltration qui les attend. Un divertissement sympathique où les scènes de cambriolages, de courses-poursuites, de fuites incessantes, de trahisons, d'actions et de coups fourrés, ne cessent d'animer notre lecture. Un intérêt poussé jusqu'aux dialogues cinglants et ses personnages atypiques, dont on esquisse quelques sourires sans pour autant oublier la gravité de la situation par un rappel impitoyable qui ne prend aucun gant avec le lecteur. Une agréable bande dessinée avec laquelle j'ai eu un peu de difficulté à rentrer dedans durant les premières pages à cause des motivations et de la physionomie du protagoniste principal et qui finalement va faire tomber petit à petit les appréhensions pour m'offrir un rendu global au-dessus de mes espérances (toutes proportions gardées).

L'esprit cambriole candide est là, avec une dynamique de groupe entre Myth et ses compagnons verts : Dustt, Greezin et Sobaat, qui amène un côté très fun et inédit à la saga des Terres d'Arran, avec cette bande de Gobelins marginaux professionnels du cambriolage qui planifient, improvisent et foirent un casse lors d'une infiltration à la hauteur des dessins de Giovanni Lorusso. Une technicité qui propose des angles de vue, des mouvements, des couleurs sombres et une atmosphère en accord avec les beaux décors de la cité de Scarande, de l'archipel de Drasul, ou encore l'inquiétant empire de Drum. La tronche gobeline atypique de Myth demande un petit tant d'adaptation avec des expressions malicieuses bien maîtrisées mais qui n'aident pas à s'attacher à celui-ci. La mise en vignettes livre une confrontation en suspension bienvenue contre le Murth'n Thun, avec une évasion sous tension, dont une confrontation finale stratégique rondement menée.

CONCLUSION :

Orcs & Gobelins, tome 2 : Myth, par les éditions Soleil, met en avant la plume du scénariste Sylvain Cordurié qui parvient à donner ses lettres de noblesse à la créature la plus méprisée et rabaissée du genre héroïc fantasy avec les Gobelins. Un deuxième tome dont on apprécie une fois encore son riche univers ainsi que ses riches personnages atypiques avec en tête le malicieux Myth.

Une aventure satisfaisante qui place l'esprit de la saga à un autre niveau de lecture avec une approche cynique et sarcastique que l'on doit avant tout à son protagoniste principal.

N'est-ce pas fatiguant d'avoir toujours à cavaler ? Un peu, oui. D'un autre côté, vous me voyez le cul vissé sur une chaise, à m' épancher sur le sens ou la beauté de la vie, entouré de ma douce et tendre, et d'une chiée de morveux ? Moi non plus. Alors je vous fais une promesse. Si on se recroise un jour, je serais le même : aussi fuyant qu'une anguille retors à souhait. Sur ce, je vous salue bien !