Avec Naruto (1999), Masashi Kishimoto a lancé un shōnen devenu culte, rempli de combats épiques, de rivalités inoubliables, et de personnages aux coiffures défiant la gravité. Mais derrière les "Dattebayo !" et les tours de ninja, l’œuvre trébuche parfois sur ses propres ambitions, alternant moments de grâce et longueurs frustrantes.
L’histoire suit Naruto Uzumaki, un jeune ninja rejeté par son village en raison du démon renard scellé en lui. Résolu à devenir Hokage pour obtenir reconnaissance et respect, Naruto s’entoure d’une galerie de personnages mémorables et part à l’assaut d’une multitude de défis. Le concept est simple mais efficace, et le manga jongle entre quête personnelle, camaraderie et intrigues politiques. Cependant, à mesure que l’univers s’étend, il semble parfois s’enliser dans des arcs qui étirent trop une intrigue pourtant passionnante.
Naruto est un héros attachant, porté par un optimisme à toute épreuve et une naïveté souvent comique. Mais son évolution, bien que satisfaisante sur le long terme, est parfois éclipsée par des arcs où il se contente de répéter les mêmes leçons de vie. Sasuke, le rival sombre et tourmenté, vole régulièrement la vedette avec ses dilemmes internes, tandis que Sakura peine à exister en dehors de ce triangle. Les personnages secondaires, quant à eux, oscillent entre brillants (Shikamaru, Gaara) et sous-exploités (Kiba, Tenten).
Les combats, véritable point fort de Naruto, allient stratégies complexes, pouvoirs spectaculaires, et moments d’émotion intense. Cependant, à mesure que le manga avance, certains affrontements sombrent dans la surenchère, transformant des jutsu ingénieux en explosions cosmiques où l’impact émotionnel se dilue. Mention spéciale aux flashbacks en plein combat, qui ajoutent de la profondeur… mais aussi une bonne dose d’impatience.
Visuellement, Kishimoto livre des designs iconiques et un style dynamique, particulièrement efficace dans les combats. Les décors, bien que parfois simplifiés, plongent le lecteur dans un univers riche et cohérent. Cependant, le rythme narratif souffre de l’ajout constant de nouveaux personnages et de révélations, au point que certains arcs semblent davantage des marathons que des courses effrénées.
Le principal reproche à Naruto est son inégalité : les arcs narratifs varient entre l’excellence (l’examen Chūnin, l’arc Pain) et la lassitude (les fillers interminables, même dans le manga). Le climax final, bien que spectaculaire, s’embourbe dans une avalanche de révélations qui éclipsent parfois l’essence émotionnelle de l’histoire : la quête d’un garçon cherchant sa place.
En résumé, Naruto est une œuvre marquante, mêlant des moments de génie narratif à des longueurs qui freinent son impact. Masashi Kishimoto crée un univers fascinant, mais trop souvent alourdi par des arcs inutiles et une surenchère de personnages. Une course ninja pleine de cœur, mais qui aurait mérité quelques raccourcis pour atteindre la ligne d’arrivée avec plus d’éclat.