Tout commence avec une interview suite à son film Le Château de Cagliostro puis une rencontre avec Toshio Suzuki, futur président du Studio Ghibli, qui lui proposera de publier son manga, ce qui commencera en 1982, et ce jusqu'en 1995.
Débute ainsi l'aventure Nausicaä, qui se verra décliné en film par la suite, permettant ainsi à Miyazaki de concrétiser plusieurs de ses projets tout en continuant, par le prisme littéraire, de développer cet univers ainsi que les personnages allant avec.
Dès les premières pages, on est plongé dans le monde si fascinant du maître de l'animation, avec une créativité n'ayant aucune limite et une ambiance forte, oscillant ici entre sombre, complexe ou encore magique. Il écrit un univers dans lequel la nature est hostile à l'Homme, qui lui se bat pour des bout de territoires alors que sa potentielle fin est de plus en plus proche, alors que l'on ressent toujours le vestige d'un monde comme on le connaît, qui a, ici, pris fin il y a bien longtemps.
C'est dans cette horreur que l'on découvre une jeune, mystérieuse, forte et hâtive princesse, personnage attachant dès ses premières apparitions, de par son charisme mais surtout le mystère l'entourant. Elle navigue dans un univers sombre et sur le déclin, et apporte une touche plus innocente à cette ambiance totalement prenante. Elle est bien entourée, bien que certains aient peu de dialogues pour eux, ils participent clairement à la réussite de premier tome, que ce soit par les questions ou réponses qu'ils apportent, ou tout simplement le mystère qu'il cache et le possible grand rôle qu'ils joueront par la suite.
Comme pour ses films, ce qui marque ici c'est l'ambiance, un peu désabusée ainsi que fascinante et prenante. Miyazaki rythme son récit avec l'univers qu'il créé et étend à chaque page, ainsi que les passionnantes interrogations qu'il construit subtilement. Il pose les bases d'une grande et magnifique épopée, tout en se questionnant sur notre monde, la nature mais surtout l'humain, dont la folie se ressent, et ressort, à chaque case. Ce pamphlet panthéiste met froidement en avant la destruction du monde par l'Homme, et la façon dont les leçons du passé ne sont jamais vraiment retenues, et ça prend parfois forme avec une certaine violence. Il évite les lourdeurs avec ce sujet, propose de pertinents et passionnants parallèles, notamment par le biais de la pollution.
Les dessins sont sobres et mettent remarquablement en scène cet univers, il y a plein d'ingénieuses trouvailles, que ce soit dans la nature ou tout simplement les inventions humaines. Les dialogues sonnent toujours juste et, là aussi, débordent de bonnes idées, sachant être justes, clairs tout en étant complexes, et nous invitent donc à une palpitante et remarquable aventure. On sent qu'on ne fait juste qu'explorer ce monde, et que la suite n'en sera que plus passionnante et riche.
En signant Nausicaä de la Vallée du Vent, Hayao Miyazaki propose un passionnant, fascinant et complexe pamphlet panthéiste, nous invitant à embarquer pour une folle et palpitante aventure, remplie de mystère, de destruction ou encore de magie, le tout dans un univers aussi riche qu'inventif et intrigant.