Mark Millar explique son nouveau projet à son directeur artistique

{le téléphone sonne}
Mario Corticceli (directeur artistique) : Allo ?
Mark Millar : Salut Mario, c'est Mark. Je viens d'avoir une super idée pour mon prochain projet.
MC : super, je t'écoute Mark
MM : et si on renversait tout, le super-héros devient le super-vilain. les sauvetages de civils innocents, des massacres de civils innocents?
MC : ???
MM : ben oui, imagine le héros serait un super-vilain. Mais attention, habillé tout en blanc pour brouiller les pistes
MC : comme le Chevalier blanc ?
MM : quoi ?
MC : laisse tomber. Mais il ferait quoi ton super-vilain ultra bright ?
MM : d'abord la scène d'intro doit bien installer le personnage, montrer à quel point il est machiavélique, cruel et sans conscience. et il y a aura beaucoup de sang...
MC : beaucoup, beaucoup ?
MM : beaucoup, beaucoup, beaucoup. du sang, des tripes, des boyaux, de la cervelle enfin un peu tout ... parce qu'il est habillé tout en BLANC !!! et puis, dans cette scène, on fera mourir quelques centaines de passagers d'un train...
MC : mmmh
MM: allo, Mario, tu es toujours là ? bon je continue. Après ça, faudra montrer que son ennemi (le gentil) est aussi fort, incorruptible et dénué de scrupules, il y aura beaucoup de sang et 5 morts de plus pour se mettre en jambe. et là on comprendrait que le gentil est l'ultime cible du méchant. après, faut taper encore plus fort, alors le méchant va kidnapper le Président des USA directement dans son avion en faisant exploser tout un quartier.
MC : tu es sûr pour tous ces morts...
MM : Mais oui, bon, c'est totalement gratuit mais totalement indispensable pour montrer à quel point le méchant est méchant, et puis c'est que la 30e page, ça s'accèlère après.
MC : {soupir}
MM : donc tout au long de l'histoire, on va brouiller les pistes sur le passé du méchant, pour que le gentil passe bien pour un con, genre Michael Douglas dans The Game. le méchant aura toujours 3 longueurs d'avance sur les flics qui veulent le coincer, il y aura même un face-à-face d'anthologie (genre Volte-Face) dans les murs du Pentagone et après quelques morts
MC: combien de morts ?
MM : pas beaucoup, quelques dizaines {tout bas} de milliers
MC : Mark, combien ?
MM : rhhooo, 20000 et des brouettes mais c'est le Pentagone et le méchant doit vraiment montrer au gentil comment il est fort. Après le méchant fera exprés de se faire capturer pour que le gentil relâche sa garde (parce qu'il est très con, en fait) et pour kidnapper ses enfants.
MC : Combien ?
MM : hein ?
MC: combien de morts ?
MM : une centaine...
MC : mmmh
MM : à mains nues
MC : mmmh
MM : et il y aura beaucoup de sang
MC : mmmh
MM : mais c'est l'avant dernière tuerie. après on passe à un registre plus personnel, plus tragique, le face à face entre un homme et son double maléfique. Le méchant veut humilier le gentil (toujours cette histoire de montrer qui a la plus grosse) et il oblige sa femme à lui révéler son adultère, l'homosexualité de son fils et l'avortement de sa fille. t'imagine la tronche du gentil, lui le boy-scout catho testostéroné
MC : bien bien bien ... au point on en est, le méchant pourrait aussi obliger le fils homosexuel à coucher avec sa soeur hein, on n'est plus à ça près.
MM : MAIS OUAIS, c'est une super idée
MC : nan, nan, nan, Mark, je déconnais, Mark ...
MM : mais si, c'est génial, bon faudra trouver une astuce parce que Steve voudra jamais dessiner un inceste ou un avortement mais on va bien trouver quelque chose. Et après, le gentil sera encore envoyé dans un traquenard et il se fera kidnapper et on apprendrait que son bras droit était une taupe du méchant à cause de l'argent. Et au final, c'est le Président le héros.
MC : quoi ? j'ai pas compris la fin
MM : le Président, le président des USA, il va sauver le gentil et faire capturer le méchant
MC : Ok ... bien, c'est toi l'artiste et ...
MM : attends, c'est pas fini, à la fin, on apprendrait que le méchant et ben, en fait, il est pas seul !!! c'est pas extra comme rebondissement final ? sérieux, c'est pas génial ? c'est une compagnie qui transforme des milliardaires en super vilain pour leur donner un peu d'occupation les pauvres. et, comme ça, du coup, on peut faire plein de suites, et monter une licence qui va cartonner !!!
MC : ben, vas-y, coco, tu as le feu vert. et les prochains Kick-Ass, tu en es où ?