Viols et outrages
J'ai toujours apprécié l'art D'Alan Moore sans réellement me concentrer sur tous les thèmes qu'il rebat dans ses oeuvres; notamment celui du viol, que je n'avais pas pris en compte lorsque, plus...
Par
le 21 sept. 2016
7 j'aime
5
Cet album qui est récemment sorti chez Urban Comics contient en réalité deux histoires de valeurs inégales. Pour faire court, la première est géniale, la seconde plutôt médiocre. Maintenant on va faire long...
L'anecdote est connue. Grand fan de l'auteur de Providence, Moore eut comme projet d'écrire tout un cycle de nouvelles réinterprétant le Mythe de Cthulhu. Hélas, mille fois hélas, des forces cosmiques se déchainèrent pour empêcher la réalisation d'un projet aussi gargantuesque: Moore perdit l'unique manuscrit sur la banquette arrière d'un taxi. Une seule nouvelle put être sauvée. Elle fut adaptée en comics des années plus tard, et c'est le résultat admirable que vous pouvez... admirer dans les premières pages de cet album: « Côté cour ».
Oubliez toute idée de pastiche. Moore fait du Lovecraft sans en faire. Bien loin des clichés à tentacules, l'histoire qui nous est proposée est habitée par certaines obsessions partagées par les deux auteurs (les différents niveaux de réalité, le pouvoir des mots, la folie...) mais d'une manière qui n'appartient qu'à Moore seul. On peut donc bel et bien parler de réinterprétation. Si tout commence à la manière d'une enquête banale, soutenue par une très belle voix-off de film noir, on parvient rapidement à l'exposition d'une idée aussi fascinante qu'intelligente. On ne peut qu'être dégoûté en repensant à tout ce qu'on a perdu à l'arrière de ce stupide taxi...
Le dessin n'est pas extraordinaire et même parfois un peu hésitant, mais la mise en scène de l'ensemble est juste parfaite et sert avec maestria les idées du scénario. C'est d'autant plus méritoire que l'adaptation en BD s'est faite sans la participation de Moore...
Après ce mindfuck total, on redescend sur terre avec la suite toute récente (2010) de cet ingénieux prologue: « Neonomicon ». Cette fois, l'histoire a été pensée pour être directement adaptée en BD. Exit la superbe voix-off et bonjour à des dialogues crédibles mais beaucoup moins recherchés. Pour être franc, c'est l'ensemble qui se trouve être moins inspiré, et ce n'est pas l'arrivée de déviance sexuelles, à la fin, qui pourra réveiller votre intérêt (Sauf peut-être si vous avez eu des fantasmes bizarres en lisant Lovecraft. Je ne vous juge pas. Ou alors juste un peu.) Alors que « Côté cour » évitait avec brio la référence lourdingue, « Neonomicon » plonge la tête la première dans le fan service. On cite allégrement Lovecraft, on l'analyse et on lui donne même un rôle indirect dans l'intrigue. Le tout reste sympathique mais largement dispensable, il faut bien l'avouer, sauf peut-être justement pour le fan des deux auteurs (comme moi, vous l'aurez compris) qui sourira à quelques reprises... Seules les toutes dernières pages relèvent véritablement le niveau, mais je vous laisse évidemment la surprise.
8 pour la première histoire, 5 pour la seconde... la moyenne me semble juste et vous encourage à jeter un oeil, si vous le pouvez.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Alan Moore, tout simplement, Les meilleurs comics fantastiques, Les meilleurs comics d'horreur et Les meilleures BD d'Alan Moore
Créée
le 16 févr. 2014
Critique lue 2.5K fois
11 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Neonomicon
J'ai toujours apprécié l'art D'Alan Moore sans réellement me concentrer sur tous les thèmes qu'il rebat dans ses oeuvres; notamment celui du viol, que je n'avais pas pris en compte lorsque, plus...
Par
le 21 sept. 2016
7 j'aime
5
Honnêtement, la BD en elle-même vaut 7 ou 8 mais en tant qu'hommage à Lovecraft ? Je me doit de baisser la note. L'hommage est bien trop appuyé : plus d'une case sur deux, peut-être même 3 sur 4,...
Par
le 7 janv. 2016
4 j'aime
Adapter du H.P Lovecraft en ciné: pari jamais réussi. Faire une bd basé sur l'oeuvre de Lovecraft, Même avec le talent de Moore. y a de quoi laisser perplexe sur le papier. Et pourtant La magie...
le 9 nov. 2013
4 j'aime
5
Du même critique
Lost est doublement une histoire de foi. Tout d'abord, il s'agit du sens même de la série: une pelletée de personnages aux caractères et aux buts très différents se retrouvent à affronter des...
Par
le 9 août 2012
236 j'aime
78
1986. Encombré dans ses multivers incompréhensibles de l'Age de Bronze des comics, l'éditeur DC décide de relancer la chronologie de ses super-héros via un gigantesque reboot qui annonce l'ère...
Par
le 3 juil. 2012
99 j'aime
20
Après la fin de la série, si intimiste et délicate, il nous fallait ça: un hurlement de pure folie. La symphonie s'est faite requiem, il est temps de dire adieu et de voir la pyramide d'Evangelion,...
Par
le 21 juil. 2011
95 j'aime
5