A peine ouvert l'album, je me suis dit que je connaissais ce trait, ces couleurs, et ça a fait tilt, c'est Béatrice, la bande dessinée précédente de Joris Mertens qui m'avait déjà fait de l'effet. Outre l'histoire drôle, touchante et sombre, qui décrit un homme fatigué, blasé mais qui garde en lui encore une once d'espoir d'une vie meilleure pour lui et ses proches, c'est le dessin et les couleurs qui m'attirent. Joris Mertens peut dessiner une page entière de petites cases aux teintes neutres, puis la page tournée, les rouges et jaune chauds dans de grandes cases ou une succession de petites cases muettes explosent la rétine. Il pleut beaucoup dans la ville, les dessins sont hachurés des gouttes qui tombent, les phares des voitures et les enseignes se reflètent sur le sol trempé. C'est très beau ces quelques tâches colorées dans les jours sombres.
Joris Mertens dessine la camionnette des livreurs dans le Paris de l'époque -je dirais années 80 ou fin 70-, du dedans, de face, de profil, de derrière, du dessus et même à travers une vitre d'un salon de coiffure ; j'aime beaucoup, il ne se prive d'aucun angle pour dessiner la ville, ses habitants et les deux livreurs.
Excellent album qui fait le portrait d'un homme usé que l'espoir de gagner au loto et de pouvoir aider ses amies maintient en vie. Magnifique, superbe, ceci dit, sans tomber dans les superlatifs ou le dithyrambe car ces adjectifs sont mérités.