Tout va bien, rien ne va plus
Belle petite découverte. Il y a quelque chose de touchant chez cette auteure : elle se dévalorise constamment, elle semble très mal dans sa peau et en même temps elle semble vivre dans son petit...
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le 3 déc. 2019
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Belle petite découverte.
Il y a quelque chose de touchant chez cette auteure : elle se dévalorise constamment, elle semble très mal dans sa peau et en même temps elle semble vivre dans son petit monde fait de couleurs et de poils et assumer son mal-être. Elle se décide énorme et très moche alors qu'elle est simplement ronde et plutôt très jolie. Je me suis demandé si c'était uniquement son personnage de BD, mais même dans ses vidéos Youtube, il transparaît un certain inconfort.
Evidemment, ce genre de caractère où l'on s’apitoie sur son propre sort peut très vite devenir ennuyant pour le lecteur, mais l'auteure parvient ici à rester dans les limites de l'acceptable. peut-être aussi parce que le bouquin est court ? En tous cas, il fait office d'une belle présentation. Cela laisse un goût de trop peu : on veut en savoir plus, on veut plus d'histoires. Mais d'un autre format. Ici, le bouquin sert à présenter le personnage. Bon, ce n'est pas assez nourri, l'auteure aurait pu aller plus loin, partager plus de rêves, plus de goûts plutôt que de répéter les mêmes thèmes ou encore interrompre un récit alors que le développement semblait à peine commencer... mais ça reste suffisant pour apprécier. Surtout qu'elle mêle humeurs du jour et courts récits, ce qui donne un certain rythme.
Ce que j'espère, c'est que la prochaine étape, ce soit plus Crumbienne, dans le sens où l'on suivrait le personnage au quotidien mais surtout la confronter au monde extérieur, la forcer à quitter sa petite bulle de confort, rencontrer du monde, pour le meilleur et pour le pire, tout en conservant ces traits de caractère.
J'espère que ça ne sera pas trop revendiqué féministe ; on sent ici que l'auteure a un avis sur la question, cela se ressent dans son traitement du poil, mais ce qui est bien, c'est qu'elle fait ça simplement, sans en ajouter des couches écœurantes, du coup sa rébellion contre la société passe parce que n'importe qui peut s'y identifier, alors que les féministes qui emploient les mots féminisme, sexisme, patriarcat au moins 5 fois dans l'album, bah c'est lourd et puis ça donne l'impression que seules les femmes peuvent s'y identifier, comme si les autres problèmes n'existaient pas. Un récit, à mon sens, doit toucher à l'universalité en passant par l'individualité, c'est ce que Marie réussit, elle parle de son combat très féminin mais parvient à toucher une sphère supérieure.
Le graphisme est très plaisant. J'ai feuilleté l'album en librairie, je suis tombé sur la page où elle dessine son cul (elle l'a filmé et s'est aperçue qu'il bouge beaucoup quand elle marche) ; le texte et le dessin m'ont automatiquement fait attraper un début d'érection : parce que c'est sexy qu'elle parle d'elle comme ça, avec autant de sincérité et d'honnêteté mais il y aussi cet aspect naïf qui se ressent dans le graphisme également.
Il y a un côté expérimental qui est très intéressant, que ce soit par la superposition de traits ou la manière d'amener de la couleur (et de l'étaler, de la mélanger). C'est bizarre, aprce que ça fait penser à du Crumb (je pense notamment à sa première BD YumYum), du Blutch, un peu de Sfar, mais aussi tout simplement du dessin d'enfants.
La typo du texte est nickel, le fond du texte est bien écrit aussi ; j'ai décelé une seule petite faute, c'est peu mais c'est déjà trop. La mise en page est bien aérée, ce qui permet à l'auteure de jouer avec le rythme de lecture ; elle aurait pu aller plus loin aussi, mais ça fait déjà du bien d'avoir une lecture si simple.
Bref, j'ai beaucoup apprécié et j'ai tourné la dernière page avec un goût de trop peu ; du coup, j'ai beaucoup d'attentes pour ce que fera cette auteure prochainement.
Tiens, j'avais déjà apprécié sa page facebook-auteure avant de prendre connaissance de cet album ; je me demande d'où je l'ai connue ?
Créée
le 3 déc. 2019
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