Yann et Henriet, auteurs chevronnés, signent ici une coopération tout à fait décente, et même si je ne suis pas emballé par ce style de BD, je ne peux qu'en apprécier les qualités.
Le dessin est soigné et les personnages plutôt expressifs pour le style réaliste. Les couleurs soutiennent bien l'ensemble. Le côté "mannequin" de l'héroïne est un côté agaçant, d'autant que le personnage dont elle est inspirée n'avait rien d'un canon de beauté, sans être vilaine pour autant.
Le scénario prête à méfiance : une héroïne noire, c'est assez dans l'air du temps d'aujourd'hui pour n'être qu'un prétexte. Mais le personnage reprend une authentique femme d'énergie, Bessie Coleman, dont la vie audacieuse et remarquable bien qu'assez brève (34 ans) mérite d'être illustrée pour elle-même. Il est d'ailleurs étonnant qu'aucun film ne retrace retrace son aventure personnelle. Ou peut-être mériterait-elle simplement une BD. Car, curieusement, Yann transforme cette active woman en une Walkyrie noire peu crédible qui fait périr deux membres du Ku-Klux-Klan de la manière dont Bessie Coleman elle-même est morte : un drôle de clin d’œil de la part de Yann. Enfin, c'est toujours ça que les racistes prendront en travers de la gorge.
La BD est suivie d'une explication historique très bien faite sur Bessie Coleman.
A découvrir.
Le second et le troisième volets présentent la même qualité esthétique, mais on se demande au nom de quoi les auteurs ont voulu faire de ce personnage historique déjà hors pair une héroïne de roman qui tient plus de James Bond que d'une femme passionnée par l'aviation que devait essentiellement être Bessie Coleman.
Dans les docus intéressants de la fin du troisième album, il est question d'un projet de film étasunien sur l'aviatrice. Espérons qu'il ne viendra pas aux réalisateur l'idée saugrenue d'une exploitation de type "Marvel" du personnage déjà très riche d'histoire de Bessie Coleman !