"NonNonBâ" est une véritable merveille, pétrie d'une impérissable foi dans la bonté des hommes, et ce, envers et contre toute évidence (au hasard, au long des 400 pages de cette chronique faussement naïve d'une enfance lumineuse : le trafic d'enfants, l'impérialisme japonais qui mènera à la catastrophe absolue, la lâcheté des pères...). Mais c'est aussi la chronique nostalgique d'une culture qui meurt, celle du Japon traditionnel, celle des fantômes qui viennent faire un dernier tour - assez peu convaincant - pour effrayer les vivants, celle d'un sens de la communauté et de l'hospitalité que le monde moderne, déjà en marche à l'aube de la seconde guerre mondiale, balayera. Dans "NonNonBâ", les monstres nombreux sont là pour enseigner aux enfants une vraie hygiène de vie, une morale qui les aidera à devenir des hommes meilleurs, et ils sont infiniment moins effrayants que la maladie qui emporte en quelques semaines une petite fille aux grands yeux. Mizuki a croqué tout cela avec une infinie simplicité, une fausse naïveté qui confère à "NonNonBâ" son élégance souriante : l'élégance de celui qui rit pour ne pas hurler de terreur.