La bande dessinée peut prendre bien des formes, c’est son charme. En ce moment, c’est en explorant le patrimoine japonais que je fais de délicieuses et surprenantes découvertes. Je trouve que les mangakas ont des façons simples et plus humaines d’aborder leur récit. Cela tient sans doute au fait que leurs héros sont au service de l’histoire et non l’inverse comme c’est souvent le cas dans la BD franco-Belge. Cela donne plus de perspective et de profondeur aux histoires. En outre, la forme même de narration, plus diluée, du manga donne plus d’espace aux auteurs pour développer la richesse et la complexité des récits.
La découverte de NonNonba de Mizuki a été pour moi une sorte de révélation. J’ai été à la fois saisi par l’histoire et par la façon qu’il a de la raconter. Toutes sortes d’émotions apparaissent dans cet album. Mizuki sait prendre le temps de leur donner corps et laisse aussi de la place à la contemplation, espace nécessaire qui donne à l’ensemble une étrange et agréable touche onirique.
NonNonba c’est le récit de l’enfance de Mizuki, qui a grandi dans un village de la campagne japonaise. Enfant rêveur, il est sensible aux histoires que lui raconte NonNonba, une petite vieille qui lui fait découvrir le folklore japonais, ses légendes et ses yokais. Ces derniers sont des démons qui peuvent prendre bien des formes dans le quotidien des Japonais. Ils vont exercer une grande fascination sur Mizuki, au point que ce dernier est aujourd’hui considéré au Japon comme l’un des plus grands spécialistes de la question.
NonNonba est donc un récit autobiographique qui laisse une grande place aux souvenirs et au fantastique. Les deux étant intimement liés dans l’œuvre de Mizuki. Un récit fleuve et marquant, dont la lecture est vraiment indispensable.