J'ai décidé de me lancer dans le run de Kurt Busiek sur le personnage, commencé en 1998, voir ce que ça pouvait donner. Honnêtement, je n'avais aucune idée de ce à quoi m'attendre vu qu'Iron Man n'est pas réputé pour ses excellentes histoires et qu'à part Michelinie et Layton, O'Neil, Ellis et Fraction, aucun autre run n'est jamais cité.
Et j'ai été très agréablement surpris par ces 6 premiers numéros, qui ne forment pas une histoire complète, mais plutôt la première partie d'une saga plus vaste, divisée en plusieurs petits arcs qui durent d'un à trois numéros.
Le concept de la série est simple, Iron Man est de retour en ville après une période où on le croyait mort (toute la période Heroes Reborn, où il était sur la Contre-Terre de Franklin Richards), New York est encore en train de se reconstruire suite aux dégâts engendrés par l'attaque d'Onslaught, et pendant l'absence de Tony, Stark Entreprises a été racheté par le groupe Fujikawa. Tony Stark pourrait reprendre le monopole de l'entreprise, comme on lui conseille, mais voilà, en ses temps troublés, où les gens essayent de se remettre d'aplomb, notre héros n'a pas envie de se lancer dans une bataille judiciaire pénible, il préfère construire des immeubles pour ceux dans le besoin avec l'aide de la fondation Maria Stark.
Mais après un affrontement qui compromet un peu ses plans avec la fondation, Stark décide plutôt d'ouvrir une nouvelle boîte, de consulting cette fois-ci, Stark Solutions, où il met son génie et Iron Man au service de ses clients pour les aider. L'excuse parfaite pour aller jet-"seter" dans des aventures à travers le monde et enquêter sur la personne qui lui en veux.
Busiek écrit un Tony Stark assez différent de celui qu'on connaît aujourd'hui. Il gomme la plupart des aspérités du héros pour vraiment en faire quelqu'un de bon et valeureux, sans réelle face sombre (son passé de marchand d'armes est d'ailleurs quasiment passé sous silence). On a bien des soupçons de blagues, d'égocentrisme et du côté dragueur, mais c'est beaucoup moins appuyé que dans d'autres runs. Pareil pour le côté génie scientifique et mécano. On sait que Stark roule sa bosse dans ce domaine, mais son armure semble un peu moins être poussée à la pointe technologique possible de l'époque que dans les histoires récentes.
Mais c'est vraiment un bon tome. Les petites aventures d'Iron Man sont très bien ficelées, avec une intrigue à tiroirs habilement menée, pleine de mystères, qui donne envie de continuer pour avoir le fin mot sur tout ça. Et puis les affrontements face aux vilains sont très réussis, avec Tony Stark qui est vraiment mis en difficulté à chaque fois, qui doit lutter pour gagner, renforçant le côté très humain du personnage, et avec des combats qui ont toujours des conséquences sur leur environnements, qui sont toujours risqués. Le point culminant du tome restant le face à face avec Firebrand, un ennemi enflammé du héros qui ne paye pas de mine et qui se révèle un adversaire formidable, semant la destruction derrière lui d'une manière assez implacable et impressionnante, poussant le héros et ses alliés à faire vraiment preuve d'héroïsme. Voir Iron Man sauver des vies dans une situation de péril assez extrême est assez jouissif, surtout face à un adversaire surpuissant qui ne peut être défait que par la ruse. Cet arc en trois numéros est plutôt excellent.
On pourra aussi souligner la qualité des monologues internes qui rendent vraiment Tony Stark attachant, surtout vu qu'il n'a pas l'arrogance de ses dernières années. C'est un personnage potentiellement bien plus fade, mais aussi plus sympathique. Et puis il y a aussi des personnages secondaires plutôt bien écrits, notamment Happy Hogan et Pepper Potts avec leurs petites intrigues soap-opera en second plan, ou cet improbable Morgan Stark, cousin minable de notre héros, absolument détestable et par conséquent plutôt amusant. Vu que c'est du Busiek, on a également pleins de références à la continuité (Morgan Stark ne sort pas de nulle part), mais franchement c'est bien fait à ce niveau là, et si vous n'avez pas lu les histoires auxquelles l'auteur fait référence (comme moi), on est jamais réellement gêné.
Aux dessins, on récupère Sean Chen qui fait un boulot assez typique de l'époque. C'est ni très beau ni laid, ça fait le job de manière honnête et détaillée et dynamique, sans vraiment de cases ratées. Les couleurs de Liquid sont typiques de l'époque, numériques et flashy, mais rien d'immonde non plus...
Donc voilà, une bonne surprise pour ma part, que ce premier tome du run de Busiek. C'est bien fait, plein d'héroïsme, de mystères et d'affrontements tendus. Une bonne manière de découvrir le héros sous un angle plus traditionnel tout en gardant une certaine modernité d'écriture. C'est classique mais divertissant et entraînant.