Comme son nom l’indique, « Nymphéas noirs » a un lien avec Monet… Plus précisément, ce polar se passe entièrement à Giverny, le village où Monet finit sa vie en peignant, notamment, ses fameux nymphéas. La BD est une adaptation du roman éponyme de Michel Bussi. Elle est scénarisée par Duval et dessinée par Cassegrain. Le tout pèse quand même 130 pages et est publiée dans la collection Aire Libre de chez Dupuis. N’ayant pas lu le livre originel, je me garderai de toute comparaison.
Le tout démarre donc à Giverny. L’introduction nous présente trois femmes. Une de 80 ans, l’autre de 36 ans et la dernière de 11 ans. On y apprend que la narratrice est la plus âgée des trois et que seule l’une d’entre elles parviendra à s’échapper de Giverny. En effet, le village est vécu comme un musée vivant, où les habitants seraient « prisonniers » d’un tableau de Monet. J’avoue que ce principe sur lequel s’appuie le livre me paraît hautement excessif…
Comme la couverture l’indique, « Nymphéas noirs » est un polar. Un meurtre a eu lieu à Giverny. Qui ? Pourquoi ? Giverny étant un petit village, tout le monde se connaît. Différentes pistes se présentent alors : un tableau à acheter ? Des dessins cachés ? Ou simplement un crime passionnel ? Le livre développe chaque idée et la fin en surprendra plus d’un. C’est le gros point fort de l’album, mais je vous laisse découvrir le dénouement par vous-mêmes…
Bien évidemment, l’ouvrage est l’occasion de parler de Monet. On y parlera très peu de peinture. On ne verra pas beaucoup de tableaux non plus. C’est avant tout le rapport en Monet et Giverny (et donc ses habitants) qui est décrit. Comment a-t-il pu obtenir que l’on détourne une rivière pour son étang (artificiel, donc), pour se faire accepter… Que sont devenues certaines de ses toiles à sa mort ? Le marché de l’art y est aussi décrit, les dessins de Monet faisant partie des œuvres les plus recherchées au monde.
Malgré d’évidentes qualité, la BD se traîne un peu. La faute à une narration trop présente, consécutive de son adaptation du roman. Les récitatifs sont nombreux, parfois trop appuyés. Rien que l’introduction est trop longue, on attend le démarrage. De même, les séances de drague entre l’institutrice et l’inspecteur sont peu crédibles, trop longues et trop gnan gnan. Tout va vite entre eux et pourtant tout est longuet. Étrange sensation. Hélas, leur relation est au cœur de l’ouvrage.
Le dessin ne m’a pas convaincu plus que ça. Le trait de Cassegrain est plutôt élégant, mais je le trouve répétitif. Les expressions des personnages, les regards, les bouches manquent de variété. Les yeux, notamment, manquent de peps. C’est la même chose pour les couleurs. Bien sûr, les tons doux et pastels sont là pour rappeler Monet, mais je trouve que cela manque de puissance. C’est joli, sans plus, et cela manque de moments morts graphiquement. Seule l’institutrice, quand elle se dénude ou lance des regards aguicheurs retient vraiment l’attention du lecteur.
« Nymphéas noirs » est une lecture qui manque de rythme. Menée par un inspecteur peu crédible comme personnage, on s’y ennuie parfois un peu. Malgré tout, la fin donne un intérêt supplémentaire au lecteur qui lui donnera envie de relire l’ouvrage pour en découvrir tout le seul. Et c’est déjà pas mal, non ?