Trois femmes, deux inspecteurs, un meurtre. Adapté du polar éponyme multi primé de Michel Bussi, Nymphéas noirs nous promène dans les petites rues de Giverny (Eure), la patrie de Claude Monet, qu'un assassinat vient souiller dès les premières pages. Une promenade champêtre où il est beaucoup question de jalousie, et de peinture, bien sûr.
Ça parle de quoi ?
"Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante… La deuxième était menteuse… La troisième était égoïste." Un matin de mai 2010, la première de ces femmes découvre dans une rivière le corps de Jérôme Morval, un ophtalmologue réputé dans la région. Le village, c’est Giverny, paisible bourgade normande que le peintre impressionniste Claude Monet a rendu mondialement célèbre pour l’avoir couché sur ses toiles les plus connues. Dépêchés sur place, deux enquêteurs s’intéressent rapidement à la deuxième de ces femmes, une jolie institutrice, qui plaisait beaucoup au défunt avant qu’on ne le retrouve le crâne fracassé.
Pourquoi j'adore
Ne vous y trompez pas. En dépit de son cadre bucolique, Nymphéas noirs est bel et bien un polar, adapté d’un best-seller de Michel Bussi. Et on l’avoue, le bandeau promotionnel rouge qui revendique clairement cette paternité sur la sublime couverture de l’album a d’abord eu sur nous un effet repoussoir. Ce n’est donc pas la mention de l’un des auteurs préféré des Français, par ailleurs souvent comparé (à tort) à Marc Lévy et Guillaume Musso, qui allait nous inciter à nous plonger dans Nymphéas noirs.
Et pourtant, on a été totalement happé par cette intrigue qui commence si mystérieusement dès la première planche, un peu à la manière d'un conte de fées, et qui se mue en un étrange polar provincial sur lequel plane l’ombre du célèbre impressionniste français qui vécu plus de 40 ans à Giverny. Si les ficelles scénaristiques sont discutables, on parie néanmoins que ne verrez pas venir le dénouement de Nymphéas noirs, dont le roman (éd. Presses de la Cité) paru en 2011 a raflé nombre de prix l’année de sa sortie (dont le Prix des lecteurs du festival Polar de Cognac). Et en bonus, vous apprécierez tant vous être fait mener en barque pendant plus de 130 pages que vous risquez de reprendre votre lecture au début pour comprendre la supercherie.
Car au-delà du scénario retors de Bussi, parfaitement traduit et séquencé par Fred Duval (auteur de la nouvelle série de SF, Renaissance, mais également des Porteurs d'eau), ce sont les dessins et surtout les couleurs délavées de Didier Cassegrain, qui manie avec talent le crayon, puis le pinceau acrylique, et qui donnent cette teinte si particulière à Nymphéas noirs, transformant cette adaptation en un hommage subtil à Claude Monet.
Le duo réussit surtout ce que bon nombre de scénaristes n'étaient jamais parvenus à faire : adapter ce roman réputé inadaptable. Séduites, les éditions Dupuis leur a déjà donné le jeu vert pour adapter Ne lâche pas ma main, un autre livre de Michel Bussi.
C’est pour vous si…
… vous aimez autant vous faire balader que vous balader. Nul doute qu'en refermant cet album, vous aurez envie de vous échapper à Giverny aux prochains rayons de soleil. Même si, comme le lance à son chien la première de ces femmes au début de l’album : "Tu vois ce qu’ils ont fait de la campagne de Monet ? Un décor de supermarché". On ne demande qu'à voir pour se faire notre avis.
Critique publiée sur franceinfo.fr / Pop Up'.