"Obélix et compagnie" n'est sans doute pas le plus drôle des Astérix, au moins est-il l'un des plus intéressants, la crise économique, financière et civilisationnelle sans précédent qui s'annonce dans les mois à venir donnant, hélas, raison aux analyses sous-jacentes au récit de l'immense Goscinny.
Jules César n'a pu vaincre militairement nos irréductibles gaulois. César est le dernier aristocrate qui mette en oeuvre une éthique du courage, entouré qu'il est de sénateurs parfaitement abrutis et décadents. A court d'idées, il se laisse séduire à contre-coeur par un petit paltoquet issu de le Nouvelle Ecole d'Affranchis-NEA. Ce Caius Saugrenus est une caricature de Chirac sous le pinceau du si regretté Uderzo, mais l'album n'ayant pas pris une ride, il est possible de reconnaître Macron dans ce petit arrogant sorti des jupes de la maman qu'il a épousée.
Saugrenus applique les méthodes du "soft power" si chères à l'Etat profond américain : pour que les gaulois cessent de se défendre, il faut faire d'eux des décadents, à l'image des élites romaines. Pour ce faire, rien de tel que l'appât du gain, que la soif de l'or et du prestige social.
Obélix se met à devenir une sorte de multinationale du menhir, un truc qui ne sert à rien, c'est justement pour ça que ça marche.
Il se brouille bien sûr avec son ami de toujours Astérix, embauche des ouvriers qu'il exploite, devient le crétin narcissique cher à notre Praisident, crétin si bien décrit par Christopher Lasch.
Saugrenus introduit la monnaie dans le village gaulois dont l'économie était fondée jusque là sur le troc.
Une monnaie indexée sur rien, sur aucune richesse réelle, même pas sur l'or. Ca marche d'enfer tant que les bobos pensent qu'il est obligatoire d'exhiber un menhir dans son jardin pour exister. Lorsque la mode change, tous ces cons se retrouvent en short, ruinés par l'hyper-inflation crée par la planche à billets.
Je n'en veux à personne, surtout ni à mon prochain, ni à mon lointain : alors, souhaitons que le génial Goscinny ait eu tort, pour une fois.