Old Boy, le manga de Garon Tsuchiya et Nobuaki Minegishi, est une œuvre qui soulève autant de passion que de frustration. C’est un thriller psychologique captivant, qui, malgré un concept génial, se retrouve plombé par un développement maladroit et une conclusion controversée.
Le concept de départ est excellent : un homme, Ôtcho, est capturé et emprisonné pendant 10 ans sans aucune explication. Relâché soudainement, il est propulsé dans une quête de vengeance et de vérité pour découvrir qui a orchestré sa captivité et pourquoi. Ce point de départ met en place un mystère puissant, avec une intrigue qui navigue habilement entre tension, psychologie, et vengeance. L’idée de base, celle d’un homme brisé qui cherche à se reconstruire, à trouver des réponses, et peut-être à pardonner, est d’une richesse narrative indéniable.
Graphiquement, le style de Nobuaki Minegishi peut paraître vieillot au premier abord, mais il fonctionne parfaitement dans l’univers du manga. Bien que l’aspect graphique puisse rebuter certains lecteurs à première vue, c’est avec le temps que l’on apprécie la maîtrise de la mise en scène et la subtilité des expressions des personnages.
L’aspect "vieille époque du manga" donne à Old Boy un charme particulier, rendant l'atmosphère oppressante et brute tout en s’améliorant au fil des tomes.
Mais au-delà des éloges, il y a des défauts notables.
Le plus grand problème de Old Boy réside dans son développement qui traîne en longueur. À l’instar de séries comme Monster, Old Boy souffre de la même lenteur narrative, étirant inutilement l'intrigue sur plusieurs tomes. Bien qu’il soit compréhensible que l’auteur ait cherché à maintenir le suspense, certains chapitres apparaissent comme du remplissage, avec des dialogues ou des situations qui n’apportent pas grand-chose au récit principal. Ce sentiment de longueur est aggravé par des personnages secondaires auxquels il est difficile de s’attacher, car ils sont souvent sous-développés et leur sort ne parvient pas à émouvoir.
Le plus frustrant reste la conclusion.
Après tant d’attente, le pourquoi du comment est dévoilé, et c’est là que le bât blesse. La révélation finale, sans la divulgâcher, tombe comme un soufflé. Tout ce qui a été mis en place durant les 8 tomes semble se dégonfler face à une explication qui paraît dérisoire par rapport à l'ampleur du mystère.
En ce sens, Old Boy souffre du syndrome des thrillers à concept : un départ brillant mais une conclusion bâclée. L’attente d’une résolution "en béton armé" se transforme en déception, et cette fin laisse un goût amer.
Permettez moi de me protéger des arguments défendant Old Boy:
Ne me dites pas que l'important ce n'est pas la destination, c'est le voyage... Parce que cette fin en queue de poisson est bien trop douloureuse.
Ne vous inventez pas non plus que c'est fait exprès pour signifier que le mal n'a pas forcément d'explication et que la tension a pu monter jusqu'ici pour créer ce contraste terrible.
NON!
Cette fin, c'est de la merde, c'est factuel et très grave.
En résumé, Old Boy est une œuvre à fort potentiel, mais inégale. Son concept fascinant et son exploration psychologique sont gâchés par un développement trop lent et une fin décevante. Il n’en reste pas moins une œuvre qui méritait son adaptation au cinéma, car visuellement et narrativement, l’idée de base est assez forte pour justifier un tel projet.
Je recommanderais néanmoins de se tourner vers les films (notamment l’adaptation coréenne de 2003), qui condensent et améliorent certaines des faiblesses du manga. Si vous êtes prêts à vous plonger dans un thriller à la sauce Death Note, Old Boy reste une lecture intéressante, mais qui nécessite de la patience.