Oleg. Lego. L'ego. Ego. Du Frederik Peeters introspectif, comme on l'a vu de manière brillante dans Pilules bleues, et ici, à nouveau, ça lui réussit.
Dans Oleg, les thèmes de la maladie, de l'amour, de la famille, sont à nouveaux abordés, mais cette fois-ci, ils ne sont qu'un prétexte pour servir une problématique bien plus large : celle du rapport de l'artiste à son art, de l'artiste au monde, de son art au monde, de l'artiste, à lui-même. Le trait, similaire à celui de Pilules bleues, parvient parfaitement à nous plonger dans ces questionnements méta-artistiques, et nous invite à nous embourber dans l'anxiété (finalement salvatrice) du personnage. Sans être soi-même artiste, on l'adopte cette problématique, on les adopte ces questionnements, parce qu'avant tout ils disent quelque chose du monde qui nous entoure, ils disent quelque chose de l'individu dans ce monde, et les lunettes de l'artiste sont des lunettes qui nous permettent d'y voir plus clair (en témoigne, dans la BD, la très belle scène chez l'ophtalmo). A travers cette vision à la fois large, et retranchée, on est invité, comme le personnage, à penser la maladie, à penser l'amour, à penser la famille. Pour revenir encore au plus large. Et c'est là toute la qualité narrative de Peeters, dont il ne cesse de prouver la valeur.