400 pages de chronique sur la vie d'un personnage historique important - l'une des premières voix qui se soit élevées en France pour l'égalité de la femme - mais relativement oublié, c'est un véritable investissement en temps et en énergie que le lecteur occasionnel de BDs hésitera sans doute à faire, et ce d'autant que le dessin de Catel, faussement simpliste, n'est pas forcément attirant. Et pourtant, au fil du récit extraordinairement bien documenté (et que l'on imagine fidèle à la réalité des faits) de Bocquet, force est de constater que l'on se laisse séduire par la forte personnalité de notre héroïne, femme éminemment moderne, autant par sa vie sexuelle que par ses idées, vraiment "révolutionnaires". Si "Olympe de Gouges" marque un peu le pas lorsque Olympe quitte Montauban pour Paris, sans doute parce que ses démêlés littéraires et théâtraux paraissent un peu mesquins par rapport à ce qui se joue à l'échelle de son époque - nous sommes dans les dernières années du règne de Louis XVI -, le livre retrouve un souffle indéniable dans sa dernière partie, consacrée aux années de la Terreur, décrites ici sans faux semblants et sans idéalisme comme un naufrage complet des idées de la Révolution, sacrifiées sur l'autel des ambitions personnelles, et abandonnées à une populace brutale. S'il y avait un léger bémol à formuler vis-à-vis de "Olympe de Gouges", c'est paradoxalement le rythme effréné auquel cette histoire édifiante nous est contée, qui empêche souvent une identification profonde vis-à-vis des personnages ballottés par l'Histoire (grand H), et qui coupe le flot des émotions. Oui, il aurait sans doute fallu un bon millier de pages pour rendre justice à la belle Olympe et à sa vie. [Critique écrite en 2016]