Cet album datant d'il y a 22 ans (une génération, mon vieux !) a eu le nez creux, même si son propos n'est pas très original depuis au moins l'édition des oeuvres d'Asimov dans les années quarante-cinquante.
Un autre contributeur de SC a parlé de dénonciation de la mécanisation. On pourrait désormais clairement lire l'album à la lumière de l'I.A. triomphante. D'ailleurs, le prochain album des Schtroumpfs sera-t-il le produit des algorithmes ? Ce serait superflu, car le dessin de cet album est bien fini, le scénario rythmé comme il faut et les personnages sont cohérents et très fidèlement schtroumpfés.
Quoi qu'il en soit, l'intention est bien une mise en garde face à l'intrusion excessive de l'outil, susceptible en améliorant les performances économiques de bouleverser les comportements sociaux et de se retourner contre ses créateurs.
Le principal point contestable, pour ma part, vient du postulat. En effet, pour les besoins du scénario, le village des Schtroumpfs est décrit comme une communauté d'individus fonctionnels, ayant chacun un rôle participant de l'identité collective, notamment par une organisation économique bien ordonnée et hiérarchisée. Le paysan fourni du blé au meunier, qui produit de la farine pour le boulanger-pâtissier, qui est chargé de faire les croissants pour le petit-déjeûner des Schtroumpfs. Or, si ce schéma singe bien notre société d'esclaves salariés et astreints à la consommation par les institutions patronales et leur bras armé l'Etat, il ne s'applique pas normalement au monde des Schtroumpfs, dont le bonheur ne passe que par la liberté de faire ce qu'ils veulent arrosée d'un peu de salsepareille pour l'entretien physiologique.
Le scénario du Grand Remplacement robotique n'a donc en réalité aucune chance de survenir chez les Schtroumpfs, qui n'ont jamais eu besoin de robots pour ne rien glander de la journée.
L'album reste néanmoins une des meilleures déclinaisons du monde des petits hommes bleus, et je vous encourage à le découvrir pour le plaisir.