Inception
Satoshi ! Auteur d’œuvres qui retournent le cerveau comme j’aime, j’avoue avoir été surpris de recevoir un tome marqué de son nom. Opus ne déroge pas aux habitudes de Satoshi : ça part loin, c’est...
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le 3 janv. 2020
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Ça fait un moment que les deux tomes font partis de ma collection et c'est vrai que la première fois que j'ai attaqué Opus je n'ai pas pu aller au bout du premier tome (je comptais même les vendre il n'y a pas si longtemps que ça).
Je sortais tout juste de sa période animation et en ouvrant Opus je m'attendais à voir une sorte de Paprika dans le traitement visuel au vu du thème abordé. Je me suis retrouvé avec un manga à la mise en page plutôt classique et à un enchaînement de situations où' l'auteur ne cherche pas vraiment à nous faire perdre nos repères comme pouvait le faire Perfect Blue.
J'ai délaissé ma lecture plusieurs années (oui quand même ! ), ne cherchant pas à comprendre le point de vue de Satoshi Kon sur cette histoire.
Je me suis enchaîné les deux tomes hier, alors oui il y avait quand même cette petite (très légère...) déception de voir que Kon ne se servait pas de son média pour nous faire basculer avec le héros de l'histoire (il y aura une seule véritable page par exemple où un des cadres se fissurera pour faire tomber les personnages, si on se demande de quoi je cause) mais finalement je m'en fou complètement.
Ce manga m'a ému par sa finalité qui peut décevoir pour les raisons que l'on connait, mais la tournure, très personnelle de cette fin, qui s'imbrique avec le réel ( en tout logique finalement) m'a fendu le cœur.
Putain si Satoshi Kon a réalisé plusieurs de mes films préférés, c'est en partie grâce à cette malheureuse tournure qu'a pris le manga (avec l'arrêt du magazine de pré-publication : d'ailleurs ça fait des années que je lis des mangas et pas une seule fois je me suis intéressé à cette partie du métier, je trouve ça fou qu'une oeuvre dépende autant de ce genre de magazine, de l'attente des lecteurs, des sondages (wtf...) ). Il le dira lui même à la fin du volume 2 "au final c'est peut-être pas une si mauvaise chose cette annulation [...] je me suis dit que j'allais pouvoir me concentrer sur mon film) " , impossible pour lui de jongler entre les deux vu la quantité de travail à fournir. Oui on aura jamais la fin qu'il voulait, avec une "complexification de sa trame méta-fictionnelle " qui pouvait peut-être laisser présager ce que j'attendais niveau traitement visuel au départ, mais cette dernière partie, uniquement crayonnée, transpire l'amour pour son travail, le respect pour ses lecteurs, il y a une pointe d'amertume de ne pas continuer l'aventure, mais le principal c'est que j'ai refermé ce deuxième volume avec un sentiment de satisfaction général, celui d'un immense auteur qui m'aura fait rêver à chacun de ses films (sans aucune exception) et dont ce manga a été l'élément déclencheur et de transition pour Satoshi Kon.
Je ne dirais rien de plus que d'autres critiques ici présente, mais son expérience au côté de Otomo se ressent, son trait a de belles similitudes, pour notre plus grand plaisir. Surtout concernant les héroïnes, je les trouve magnifiques, à fleur de peau ou robuste, aussi expressive que de caractère, le trait des deux auteurs les servent à merveille je trouve. Enfin tous les personnages sont très expressifs, mais c'est vrai que j'ai toujours un coup de cœur pour les personnages féminins.
Expressivité et véracité dans les réactions en accord avec les événements, on a quand même un Mangaka qui se retrouve dans sa propre oeuvre où chacun des personnages devra relativiser sur sa propre existence, ses propres croyances, son devenir, les dilemmes seront là, les questionnements aussi, les choix, et le tout sonne incroyable vrai et limpide...
En parlant de limpidité, tout ce qui est voyage dans le temps, univers parallèles etc... je peux trouver ça très vite barbant, et puis pas du tout ici !
D'ailleurs Kon n'y va pas de main morte niveau rythme, ça m'a surpris aussi et j'ai pas forcément l'habitude de voir ce genre de mise en place dans les manga. J'ai l'habitude de longues expositions, d'une mise en place crescendo, ici on passe carrément dans le feu de l'action au bout de la 20ieme page, l'auteur du manga Resonnance (le manga dans Opus ) attaque directement la dernière partie de son histoire, en toute logique l'auteur est transporté dans cette partie en même temps que nous.
Les événements précédents seront très vite résumés en début de tome 1 dans justement les premières pages du manga Resonnance sous forme de "résumé des épisodes précédents".
C'est grâce à son talent de scénariste, que tout se mettra en place et qu'on s'attachera de plus en plus aux personnages avec des situations qui les fragiliseront pour mieux les humaniser, la dernière partie du tome 1 dans le monde réel est magnifique (la tension se relâche, Satoko découvre pour un court instant un monde qui lui était inconnu jusqu'alors) ou ce basculement dans la chasse au sérial Killer dans le tome 2 qui en plus d'avoir de petites similitudes avec Domu de Otomo (à savoir une jeune fille aux pouvoirs surnaturels dans un immense bâtiment HLM ) a une tension saisissante et contient sans nul doute les prémices de la folie subconsciente qui animera Perfect blue.
Une première mise en abyme pour Satoshi Kon, ici dans l'univers de la création d'un manga, et de la pression qui va avec : manque de sommeil, pression de l'éditeur, quantité de travail à fournir dans un temps très court, les attentes des lecteurs etc... C'est bien d'en parler et c'est encore mieux quand ces difficultés influent sur le cours des événements et... que ce mec est un génie parce que c'est le cas pardis ! Un décors qui n'a rien à faire là et qui sera l'élément déclencheur de tout le bazar, des décors qui manquent de finissions ou carrément sous l'état d'esquisse, le type qui a tellement de boulot qu'il ne se rappelle même pas ce qu'il doit se passer quand Satoko lui demande (il est un peu perçu comme un dieu rappelons le) ...La lecture est jouissive à mort.
J'ai bien fait de les garder ces deux volumes!
Créée
le 6 mai 2019
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